Comme début juillet 2021, l’intersyndicale CGT-CFTC du cabinet d’audit financier EY & Associés a distribué des tracts, mercredi 6 juillet, devant la tour First, à La Défense (Hauts-de-Seine), siège de l’entreprise, pour exiger de meilleures conditions de travail et de rémunération.
Les syndicats ont également publié un document intitulé “EY & Associates Transparence” mettant en lumière la baisse des salaires face à l’inflation ces dernières années. Celle-ci a atteint 12 % entre 2009 et 2021, alors que, selon leurs calculs, les salaires fixes bruts moyens des juniors n’ont augmenté que de 7 %, ceux des seniors de 3 %, et ceux des managers ont baissé. de 1% à 2%, entraînant une perte de pouvoir d’achat pour tout le monde. « On n’a pas de salaires de caissière, mais on assiste à un vrai déclassement »déplore Marc Verret, délégué syndical CGT (deuxième syndicat avec 26% des suffrages aux élections professionnelles, derrière la CFE-CGC, à 65%).
L’intersyndicale a proposé une augmentation de 10 % des grilles salariales. De son côté, la CFE-CGC a proposé une augmentation de salaire fixe de 5% et « surtout une augmentation plus importante des forfaits fixes + bonus ». Selon la direction, le taux moyen d’augmentation des salaires « tout emploi, toute note sur EY en France doit être supérieure à 7% » Cette année.
« Seuils d’alerte »
Cependant, selon le document, « le montant moyen des rémunérations des dix rémunérations fixes les plus élevées » a augmenté de « 33% en douze ans ». Par ailleurs, les dividendes versés aux personnes physiques (associés) du périmètre EY France ont augmenté de 14,8 millions d’euros en 2018, pour atteindre près de 19 millions en 2021.
L’autre sujet d’insatisfaction porte sur le temps de travail, incarné par un accord de mai 2021 signé avec la seule CFE-CGC. EY & Associés relève de la convention collective des experts-comptables et commissaires aux comptes qui fixe la durée maximale de travail à quarante-huit heures hebdomadaires, y compris pour les cadres indépendants, les dépassements devant être exceptionnels et compensés. Cette limite a sauté avec l’accord, en faveur de « seuils d’alerte » fixé à cinquante heures et cinquante-huit heures par semaine, dont le franchissement, sous certaines conditions, donne lieu à un contact avec un membre des ressources humaines pour trouver des solutions, selon les cas.
Craignant que ce type d’accord ne se généralise, la fédération nationale CGT des personnels des entreprises d’études et de conseil a assigné, le 29 juillet 2021, devant le tribunal de Nanterre, EY & Associés ainsi que la CFE-CGC, pour avoir la part du accord établissant ces « seuils » et le système « veille et alerte ». Le jugement est attendu en 2023.