C’est l’avenir d’un symbole de l’indépendance française en matière de santé qui est en jeu. Placé en redressement judiciaire depuis le 24 octobre, le dernier fabricant français de poches de perfusion, Carelide, cherche un repreneur pour poursuivre ses activités. Les candidats avaient jusqu’au lundi 5 décembre à midi pour déposer leurs offres. Mais les prétendants au rachat étaient peu nombreux. Mercredi 7 décembre, les salariés ont saisi le tribunal de commerce de Lille afin d’obtenir un délai supplémentaire. Les acquéreurs potentiels ont désormais jusqu’au 5 janvier 2023 pour se faire connaître.
« Une offre unique, dont on ne voit pas comment elle pourrait assurer la pérennité de l’entreprise, a été faite, et nous sommes inquiets », s’alarme Laetitia Boumaza, secrétaire du comité social et économique de l’entreprise. Jusqu’à présent, les salariés de cette PME (39 millions d’euros de chiffre d’affaires) basée à Mouvaux (Nord), dans la banlieue lilloise, étaient restés discrets, espérant qu’une solution verrait le jour pour les sauver de l’impasse. Mais, gagnés par la peur de se voir administrer un remède jugé inefficace, ils brisent le silence.
« Nous avons besoin d’aide! Nous aimons notre entrepriseclame Meryam Djidel, déléguée syndicale CGT et déléguée du personnel. L’ancienneté moyenne des collaborateurs chez nous se situe entre quinze et trente et un ans. Tout ce que nous voulons, c’est que quelqu’un nous fasse confiance. » Les salariés craignent notamment « effondrement social » qu’impliquerait cette offre, « fabriqué par un indépendant qui n’a aucune expérience dans l’industrie pharmaceutique » et qui proposerait de racheter l’entreprise pour 3 euros. « En plus de nos 130 intérimaires, environ 60 des 425 salariés en CDI que compte aujourd’hui l’entreprise seraient contraints de partir », détails Mmoi Djidel.
Délai d’automatisation
De son côté, le ministère de l’Industrie assure suivre le dossier de près. Tout comme la région Hauts-de-France. « Nous avons rencontré les salariés pour les assurer de notre soutien, observe-t-on dans le bureau du président (Les Républicains) de la région, Xavier Bertrand. Nous attendons désormais l’audience du tribunal de commerce pour avoir une vision plus claire des offres de reprise potentielles et évaluer dans quelle mesure nous pouvons accompagner l’entreprise.. Il y a eu beaucoup de manifestations d’intérêt, ce qui est plutôt positif. »
Depuis l’annonce du redressement judiciaire, une vingtaine de repreneurs potentiels ont, en effet, manifesté leur intérêt. Trois d’entre eux se sont même rendus à Mouvaux pour visiter l’usine, selon des élus CGT.
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