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« Jeff, tu dois absolument regarder ça. » C’est le message qu’un ingénieur a envoyé sur la messagerie professionnelle Slack à Jeff Maggioncalda, responsable de la formation en ligne Coursera, fin 2022. Ça ? C’était l’une des premières versions de ChatGPT, le robot conversationnel (ou chatbot) lancée par la start-up OpenAI en novembre 2022. « Je n’arrive pas à croire que ce chat offre autant de possibilités », s’exclame encore aujourd’hui M. Maggioncalda, émerveillé par la puissance d’analyse du big data de cet outil. Le chef, conquis, l’utilise au quotidien. « C’est mon correcteuril a dit. J’écris un premier brouillon, je lui demande de corriger les fautes et de raccourcir le texte. »
Sa secrétaire doit également utiliser ChatGPT. Lorsqu’elle trie les mails reçus par M. Maggioncalda, elle prépare les réponses avec l’aide du robot… qui a appris à reproduire le style de son patron. Ce dernier n’a qu’à vérifier et l’affaire est entendue.
Le chat malin n’est pas réservé au manager, l’entreprise en profite tout autant : les coachs s’en servent pour affiner les choix des élèves, les moniteurs lui demandent de résumer l’essentiel de leurs cours. L’équipe marketing rédige ses e-mails avec chatbot et bénéficie de la finesse de son analyse. « Cela libère 20 à 30 % de notre temps pour réfléchir », dit M. Maggioncalda. Le robot, affirme-t-il, est « un nouveau membre de l’équipe de direction ».
Conversion à grande vitesse
Coursera n’est pas la seule entreprise à avoir adopté avec passion des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) capables de générer du contenu adapté aux besoins de l’entreprise. Start-up et grands groupes se convertissent à grande vitesse : 49% des 1 000 entreprises américaines interrogées en février par le site Resume Builder déclarent utiliser ChatGPT. Ce qui, bien sûr, bouleverse fondamentalement l’organisation du travail.
Selon une étude Ipsos réalisée en avril, un sixième des Américains ont déjà utilisé l’IA générative, et 29% d’entre eux l’ont fait pour créer des textes pour leur travail. Le rédacteur indépendant Guillermo Rubio l’utilise pour rédiger de courtes publicités, telles que des descriptions de produits. Marnix Broer, le numéro un de Studocu, une plateforme d’échange de cours visitée par huit millions d’étudiants américains, l’utilise pour classer ses documents, prendre des notes ou affiner ses recherches.
Le développeur d’applications mobiles Willow Tree lui demande d’écrire des lignes de code et de tester ses programmes… avant que les experts n’interviennent. « C’est comme les voitures autonomesexplique Tobias Dengel, le président de la société. Nous avons toujours besoin de contrôle. Mais ces premiers travaux sont déjà très utiles. » Et pour passer à une utilisation encore plus complexe : « Nous pouvons construire notre propre système sur l’infrastructure ChatGPT. » M. Dengel cite l’exemple d’un client de l’industrie alimentaire : « Nous introduisons tous ses fournisseurs dans le système et lui demandons de trouver ceux qui laissent le moins d’empreinte carbone. »
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