Comme les agriculteurs ou les ouvriers du bâtiment et des transports, les commerçants, qui travaillent dans des conteneurs ou dans des camionnettes totalement reconfigurées, sont très exposés à des températures élevées au moment de la canicule – une question peu anticipée dans le monde du travail.
Avec sa table chauffante, aspirante et soufflante, Roselyne Remaud, 56 ans, en sait quelque chose. Après un stage dans une blanchisserie, cet ex-bijoutier de la grande distribution s’est lancé, en avril 2022, dans une activité de repassage à bord d’un fourgon gris et rose garé à proximité d’une zone d’activités. Jour après jour, il fidélise la clientèle : quatre paniers imposants sont remplis de vêtements et autres chemises des employés proches. En juin 2022, la température est montée à 45°C à l’intérieur du van.
Impossible de faire comme si de rien n’était. Avec la centrale vapeur haute pression, « J’avais déjà installé des fenêtres coulissantes et investi dans un puits de lumière [sorte de Velux] sur le dessus pour faire passer l’air, mais c’était insuffisant », raconte cette habitante de La Chevrolière en Loire-Atlantique. Hormis trois semaines de vacances en août, la fatigue accumulée – accentuée par une station debout prolongée – l’a amenée à rentrer chez elle tous les après-midi, avec un ventilateur à proximité. « Les clients étaient compréhensifs. Ils firent un petit détour pour récupérer leur linge. »
Considérez le risque de canicule dès la conception
L’employeur a l’obligation d’assurer la santé et la sécurité des salariés en cas de canicule. Si le code du travail ne définit pas de limite de température maximale, un droit de rétractation peut être exercé dans le cas d’une situation de travail dans des conteneurs ou autres Algeco comme ailleurs, dès lors qu’ils sont insuffisamment isolés de la chaleur. Pour Roselyne, elle est l’employeur. Mais les indépendants ont aussi leurs salariés. D’où l’importance de prendre en compte le risque canicule dès la conception des équipements, pour le bénéfice de tous.
Nicolas Faelli, co-fondateur de Beau comme un truck, entreprise qui fabrique annuellement plus de 200 food trucks et autres commerces ambulants, l’a très vite intégré dans l’offre adressée à ses clients. Sa première expérience de bar à pâtes « cinq dans un camion »lorsqu’il était étudiant à Toulouse l’a considérablement marqué. « Eau bouillante, sauces piquantes, plus le bac à vaisselle et le frigo qui tourne, pas besoin de canicule pour avoir très chaud »il résume.
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