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Des ressources accrues et de nouveaux objectifs. Pour lutter contre le travail au noir, l’Urssaf va étoffer ses effectifs tout en se concentrant sur des secteurs spécifiques de l’économie où les infractions semblent se multiplier. Présentée jeudi 8 juin par l’organisme qui collecte les cotisations des employeurs et des travailleurs, cette stratégie s’inscrit dans le cadre du plan anti-fraude sociale que le gouvernement a annoncé fin mai.
Les enjeux financiers du problème sont loin d’être négligeables. Dans le secteur privé, les dégâts avaient été estimés dans une fourchette comprise entre 5,7 milliards et 7,1 milliards d’euros, selon un rapport réalisé en 2021 par le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale. Synonymes de pertes de revenus pour notre État-providence, ces ordres de grandeur portent sur les cotisations « échappé » – c’est-à-dire qui n’ont pas été payés suite à une violation des règles (non-paiement des salaires, omission des déclarations d’emploi, absence d’immatriculation de l’entreprise au registre du commerce, etc.).
De telles pratiques sont traquées par l’Urssaf, avec une efficacité qui s’améliorerait, selon son directeur général, Yann-Gaël Amghar. En 2022, les actions menées ont permis de » pour trier « 788,1 millions d’euros, un chiffre en très légère baisse par rapport à 2021, mais qui a été multiplié par 2,7 en dix ans.
Précision importante : les sommes en cause correspondent à ce qui aurait dû être réglé et que réclament les agents de l’Urssaf. Les sommes effectivement récupérées sont dix fois moindres : seulement 77 millions en 2022. Certaines entreprises sont dans l’incapacité d’honorer leurs dettes ou de les contester, parfois devant les tribunaux. D’autres organisent leur insolvabilité ou transfèrent leurs avoirs financiers à l’étranger. Il s’agit en l’occurrence de dérives imputables – entre autres – aux entreprises dites « éphémères ». : elles n’ont très souvent aucune activité réelle et se sont constituées uniquement pour capter l’aide publique avant de fermer boutique.
La « peur du policier »
Le fait que le rendement des procédures soit si faible peut sembler décourageant, compte tenu de l’énergie déployée pour récupérer les contributions éludées. Mais vous ne devriez pas le voir comme un » échec « a souligné jeudi M. Amghar lors d’une conférence de presse : un contrôle accompagné d’une sanction permet non seulement de faire cesser des actions illicites, mais aussi d’envoyer un « signal aux acteurs », ce qui a un effet dissuasif. La « peur du gendarme » a une influence sur le comportement des employeurs, a ajouté Emmanuel Dellacherie, directeur de la réglementation à l’Urssaf.
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