C’est l’heure de vérité. Trois ans après la fermeture temporaire, en mars 2020, des magasins de vêtements pour lutter contre l’émergence de la pandémie de Covid-19, de nombreuses marques de mode risquent de tirer définitivement le rideau. C&A ouvre le bal des mauvaises nouvelles pour 2023. La marque de vêtements a fermé les portes de deux de ses trois magasins parisiens, boulevard Haussmann et rue de Rivoli, mardi 7 février.
Faute de repreneurs à la tête du tribunal, San Marina, placée en redressement judiciaire depuis septembre 2022, est menacée de liquidation judiciaire, lors d’un jugement attendu le 10 février. L’enseigne exploite 163 magasins et emploie 680 personnes. Les salariés de Go Sport (2 160 salariés), Kookaï (320 personnes), Burton (600) et André (280) attendent également. Leur employeur a été placé en redressement judiciaire ou, pour Burton, en procédure de sauvegarde.
La crise du secteur n’est pas nouvelle. Cela a commencé en 2015, estime Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). L’année est « puis un point de basculement », rappelle cet expert. Les chaînes de vêtements qui, sous le diktat des fonds d’investissement ou de la Bourse, à Brice, Etam, La Halle ou Camaïeu, ont participé à l’édification de la France des 800 centres commerciaux, mettent fin à leur course au mètre carré et cessent d’ouvrir des magasins à tout bout de champ .
Et c’est justement à cette date que de nouveaux acteurs entrent dans une phase d’expansion accélérée, comme Primark, avec ses 5 000 m² de magasins, les déstockeurs type Action ou Zeeman et, bien sûr, les sites de vente en ligne, dont l’américain Amazon et l’allemand Zalando.
Depuis, les chaînes d’entrée de gamme, qui avaient jusque-là pris la place des détaillants indépendants, souffrent de cette concurrence silencieuse. La fréquentation des centres commerciaux et des rues commerçantes s’effondre. Malgré les démentis des foncières exploitant des centres commerciaux en France, dont Unibail-Rodamco-Westfield et Klépierre, « la baisse est une tendance depuis dix ans »estime Procos, association de commerçants, en chiffrant la chute de leur fréquentation depuis 2016 à 30%.
Des fermetures appelées à « continuer »
Parce que les Français ne font plus autant leurs courses. Les clients les plus jeunes fuient les boutiques Pimkie, Kookaï, Naf-Naf et autres Camaïeu qui ont habillé leurs mères. Et ils se convertissent massivement à la vente en ligne, notamment sur des sites étrangers, ou se précipitent pour acheter d’occasion. Le marché de la chaussure est également dynamisé par l’avènement de Foot Locker, Courir et autres sites de vente de sneakers.
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