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Il est 18h30 lorsque le public commence à arriver. Ce jeudi soir de décembre 2022, au Tréport (Seine-Maritime), la verrière Serge-Reggiani n’accueille ni un concert, ni une pièce de théâtre, mais l’un des débats publics sur l’avenir du nucléaire en région. Très inquiète, la Normandie compte déjà huit réacteurs. Elle pourrait, si le Parlement en décide ainsi, en accueillir deux autres, à la centrale de Penly, à une quinzaine de kilomètres.
« On parle de 8 000 à 10 000 emploisexplique Peggy, syndicaliste, mais tout cela reste très vague. « On aimerait savoir si cela va concerner les Hauts-de-Francedemande un voisin de la sous-préfecture d’Abbeville, dans la Somme. Après tout, nous sommes juste à côté. »
A l’intérieur de la salle, une centaine de personnes ont pris place. Essentiellement des salariés d’EDF et de RTE, des élus locaux, des acteurs économiques et des syndicalistes. « Toutes les opinions peuvent être expriméesrappelle l’un des coordonnateurs, mais seuls les discours bien argumentés comptent. Si on siffle, si on applaudit, cela ne pèsera ni n’alimentera le débat parlementaire. »
Le maire du Tréport annonce aussitôt la couleur : « Les nouveaux EPR, j’y suis favorable »commence Laurent Jacques. « C’est l’antithèse de l’éolien offshore qu’ils veulent nous imposer »explique-t-il en abordant le projet au large de Dieppe-Le Tréport qui doit démarrer en 2024. « C’est une énergie décarbonée, fiable, locale qui offre la perspective de ne pas détruire les emplois de nos amis pêcheurs »s’exclame-t-il devant un public plutôt acquis.
Temps de conversation
Antoine Ménager, directeur à EDF du débat public EPR 2, enchaîne, lui, sur les promesses d’emplois du projet. « Ce sera 8.000 emplois au plus fort du chantier »il argumente et « 30 000 au niveau national en phase de déploiement de ces six EPR2 ». Le public écoute religieusement. Et veut y croire. « La balle n’est pas seulement dans le camp de l’opérateur, mais dans celui du territoire », ssouligne Jean-Luc Léger, président du conseil régional économique, social et environnemental (Ceser) de Normandie, qui évoque également les familles de ces futurs salariés qui auront des besoins en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures.
Un temps d’échange collectif est alors demandé, avec un médiateur, pour recueillir les questions et commentaires de chacun. Un participant est surpris : « Tout ça c’est moins de temps pour le vrai débat, ssouffle-t-il à voix basse. A Petit-Caux, la fois précédente, c’était organisé sous forme d’assemblée, il y avait plus de résistance, sur la question des déchets, sur l’impact des terrassements qui vont obliger la falaise à être taillée. » En petit comité, la parole se libère un peu, sans qu’il y ait vraiment d’opposition.
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