Le système de retraite est redevenu excédentaire en 2021, mais cette amélioration ne durera pas, laissant place, à partir de 2023, à une situation déficitaire pendant un peu plus de dix ans, au moins. C’est l’un des enseignements assez inattendus du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui doit être rendu public jeudi 15 septembre et qui Le monde pu obtenir une version quasi définitive. Le diagnostic a été dévoilé peu avant qu’Emmanuel Macron ne réaffirme sa volonté de réforme sur ce sujet extrêmement sensible, lors d’une rencontre avec des journalistes de l’Association de la presse présidentielle lundi après-midi. Le chef de l’État souhaite que les premiers changements se concrétisent à l’été 2023, avec un possible relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite.
Après avoir plongé dans le rouge sous l’effet de la crise sanitaire, les comptes du système de retraite se sont très nettement améliorés : déficits de 13 à 14 milliards d’euros en 2020, ils sont repassés dans le vert en 2021, avec un solde positif de 900 millions d’euros. Le surplus pourrait être encore plus important en 2022 (+ 3,2 milliards d’euros). Cette évolution positive est bien sûr due au rebond de l’activité économique, qui a stimulé les cotisations et permis aux différents régimes, pris dans leur ensemble, de combler totalement le « trou ».
Mais les déséquilibres devraient resurgir, avec une détérioration assez sensible entre 2023 et 2032. Pour scruter les évolutions futures au cours des cinq prochaines décennies, le COR a modifié sa méthode en construisant des projections avec deux conventions différentes (au lieu de trois, jusqu’à présent) et avec une fourchette d’hypothèses de croissance de la productivité plus faibles qu’auparavant ( entre +0,7% et +1,6% par an en moyenne, contre +1% et +1,8%).
Données mises à jour
Dans le scénario le plus favorable, le système reviendrait à l’équilibre au milieu des années 2030. Mais si l’on retient la convention qui correspond aux règles et usages actuels, la résorption du déficit en serait plus éloignée : « au milieu des années 2050 »selon le rapport, à condition que la productivité augmente de 1,6 % par an.
Le COR considère que la notion d’équilibre (synonyme soit de déficit, soit d’excédent, soit d’équilibre) cache des limites lorsqu’elle est utilisée pour évaluer l’avenir : elle repose sur des projections de ressources réévaluables provoquées par des décisions du pouvoir en place (par exemple la compensation des exonérations de cotisations). Par conséquent, pour « évaluer la viabilité financière » du système, le rapport fait plutôt référence à la part des dépenses dans le PIB, car celle-ci exprime « le niveau des prélèvements qui doivent être effectués sur la richesse produite (…) pour assurer l’équilibre du système » : en 2021, cette proportion s’élevait à 13,8% du PIB, en baisse de près d’un point par rapport à 2020.
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