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A l’hôpital, mais plus largement dans tout le système de santé, les mêmes mots reviennent, comme dans un mauvais refrain : manque de personnel, manque de reconnaissance, épuisement physique et mental ; perte de chance pour les patients, actes de négligence, voire maltraitance, de personnes fragiles.
Au sein de l’école républicaine, ce n’est guère mieux : 30 % de candidats en moins en quinze ans pour les concours pédagogiques et mille éligibles pour deux mille cinq cents postes à pourvoir au concours des professeurs des écoles dans deux des académies concentrant les élèves à la la plupart des difficultés socioculturelles, celles de Créteil et de Versailles ; les démissions d’enseignants actuels, certes rares, ont également plus que triplé depuis 2012.
Comment un pays passionné par l’égalité en est-il arrivé à construire, contre toutes ses valeurs et malgré ses institutions, un système de santé et un système d’éducation à deux vitesses ?
Le fil conducteur qui unit ces dysfonctionnements apparemment autonomes, puisqu’ils sont présents dans des établissements de natures très différentes, notamment publiques et privées, est en réalité une défaillance du marché, au sens littéral : dans les hôpitaux, les cliniques, les écoles, les établissements d’hébergement pour personnes dépendantes personnes âgées (Ehpad), crèches, c’est le marché du travail qui manque depuis des années.
Les dérives
Son absence fait l’objet d’un consensus paradoxal entre deux acteurs antagonistes : d’un côté, Bercy, qui pilote année après année le point d’indice et les effectifs en cherchant à minimiser les dépenses, et en se gardant de convoquer trop d’éléments « de référence » ; de l’autre, les enseignants, les soignants et leurs syndicats, qui, attachés à la notion de service public et fiers de leur choix de carrière altruiste au service de l’intérêt général, écartent d’emblée toute référence au monde privé marchand.
Mais, faute de boussole pour rendre attractifs ces métiers stratégiques, le système prend l’eau. En fixant, directement ou indirectement (avec les allocations de soins et de dépendance pour les Ehpad par exemple), des grilles salariales déconnectées de la réalité, l’Etat attire toujours plus d’agents économiques « irrationnels » – et héroïques -, qui acceptent de sacrifier leur propre intérêt sur la autel du bien commun ou du service public.
Ce recrutement de personnel sur une logique vocationnelle est à l’origine d’autres dérives, que l’on retrouve parfois dans le secteur de l’entrepreneuriat social et solidaire : négligence du droit du travail, brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie privée, burn-out, etc.
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