A la sortie de Saint-Omer (Pas-de-Calais), le long de l’autoroute A26, qui se dirige vers Boulogne et la mer, le parc d’activités Porte-du-Littoral s’apprête à accueillir une nouvelle implantation industrielle. Une usine agroalimentaire devrait voir le jour en septembre 2023, avec 25 salariés, peut-être 75, à terme, si tout va bien. Aujourd’hui, le chantier est en construction : les fondations ont été creusées à la limite de la parcelle de 9 hectares, l’espace optimisé au maximum.
Sur le terrain voisin de 4 hectares, trois entreprises, deux dans l’agro-alimentaire et une dans la ferronnerie, ont été annoncées. Tout ressemble à un jeu de construction avec des bâtiments imbriqués les uns dans les autres pour gagner de la place, un seul parking, une seule unité de traitement d’eau et une seule réserve d’incendie pour tous.
Car, aujourd’hui, le mot d’ordre est de densifier pour économiser cette ressource devenue rare : la terre. Loin, très loin des principes qui ont présidé à l’implantation d’une autre usine, à quelques centaines de mètres de là. Créée en 2015, SOS Oxygène vit offshore. Autour de l’immeuble, un immense parking aux trois quarts vide, une vaste pelouse de quelque 7 000 mètres carrés : la réserve foncière » au cas où « l’entreprise grandirait un jour. Christian Leroy, président de la communauté de communes du pays de Lumbres, désigne l’autre locaux commerciaux qui s’alignent de l’autre côté de la route, entourés chacun de leurs haies, de leur carré de pelouse et de leur rideau d’arbres. « Aujourd’hui, il faut regrouper les usines pour gagner de la place, alors qu’avant on nous disait qu’il fallait les cacher, les intégrer dans le paysage. »
10% des terres sont aujourd’hui artificialisées
C’était avant le dispositif d’artificialisation net zéro (ZAN). Inscrite dans la loi Climat et Résilience d’août 2021, elle vise à préserver la biodiversité et à limiter l’imperméabilisation des sols. Pour cela, la loi impose aux territoires de réduire de 50 %, d’ici 2030, le taux d’artificialisation des terres, des espaces naturels, agricoles ou forestiers. Un objectif qui s’applique à tous et à toutes les activités humaines, qu’elles soient le logement, les infrastructures, les équipements publics, et donc aussi économiques. Mais « Le vrai sujet reste l’industrie. Où allons-nous les mettre, les usines, demain ? »demande Christian Leroy.
A l’échelle de la France, 10% des terres sont aujourd’hui artificialisées – ce qui en fait le pays le plus bétonné d’Europe par habitant. Le logement couvre 42 %, les infrastructures de transport, 28 %, et l’industrie, 4 %, selon les chiffres de France Stratégie. L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) lance également l’édition d’une base de données de référence pour la description de l’occupation des sols sur l’ensemble du territoire, avec pour objectif de couvrir l’ensemble de la France en 2024.
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