C’est lundi au bureau, et pourtant il y a un air de vendredi après-midi dans les locaux de Welcome to the Jungle, une entreprise de 270 salariés, située dans le quartier du Sentier, à Paris. Les étages, aménagés en « flex office », sont quasiment déserts. Une jeune femme nous accueille en traînant sa valise à roulettes derrière elle. Mais où sont les gens ? A Nantes, Marseille, Saint-Malo, dans le Perche. En télétravail.
Dans cette nouvelle ère post-Covid-19, les salariés de cette grosse start-up spécialisée dans les annonces d’emploi en ligne (d’une moyenne d’âge de 30 ans) ne sont tenus de venir au bureau qu’un jour par mois. Le reste du temps, ils fréquentent les lieux à leur convenance. « Tant qu’ils atteignent leurs objectifs, les gens organisent leur journée comme ils veulent, travaillent d’où ils veulent. Si quelqu’un veut commencer sa journée à la maison et ensuite venir au bureau à midi, ce n’est plus tabou. S’il veut aller nager et travailler plus tard, c’est à lui de décider. » expose Pierre-Gaël Pasquiou, l’un des associés.
De nombreux salariés de Welcome to the Jungle ont profité de ces nouvelles règles pour rendre les clés de leur appartement parisien. D’autant que, pour la journée mensuelle obligatoire au bureau, organisée au niveau de chaque équipe, l’entreprise paie le train et la nuit dans un hôtel à Paris. « Ce jour-là, on en profite pour maximiser les effets de la présence de chacun, avec des rencontres, des ateliers, un déjeuner en commun, un apéro le soir », poursuit Pierre-Gaël Pasquiou.
Commerciale chez Bienvenue dans la jungle, Constance Goncalves a déposé son 30 mètres carrés près du canal Saint-Martin et a acheté un 60 mètres carrés à Marseille en mars, « rue d’Endoume, dans le 7e, comme beaucoup de Parisiens. Dans cette ville, j’ai l’impression d’être en vacances toute l’année. A midi, je peux aller me promener sur la plage. » Le bureau lui manque parfois, un peu moins depuis que « Welcome » lui loue un espace dans un coworking sur le Vieux-Port. « Ça permet de retrouver, quelques jours par semaine, une ambiance, des collègues. Nous sommes six de l’entreprise à avoir déménagé à Marseille, pour la qualité de vie », dit ce diplômé d’une maîtrise en communication.
« Une gestion qui ne bronche pas »
Après l’expérience du télétravail pendant les confinements, la mobilité et la liberté d’organisation qu’elle a déclenchée, le retour à la vie d’avant est devenu impossible. Le génie est sorti de la lampe. Des experts interrogés par Le monde le confirment : sans possibilité de télétravail, sans souplesse dans l’organisation de celui-ci, il est difficile d’attirer ou de retenir les jeunes diplômés, à l’heure où le marché du travail les place en position de force, avec des tensions importantes dans certains domaines de compétences .
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