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« Passer l’aspirateur, épousseter, vider les poubelles, nettoyer les ascenseurs, les toilettes, essuyer les miroirs… Il faut être debout ou penché tout le temps. J’ai mal aux épaules, aux jambes. » Fatima, 58 ans, décrit son quotidien au Laser Propreté, qui l’emploie deux heures et demie par jour pour nettoyer les locaux de l’agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur, à Marseille, pour un salaire de environ 440 euros par mois. Soutenues par les syndicats de l’ARS, Fatima et ses collègues sont en grève depuis le 29 mars, dénonçant la surcharge de travail. Une caisse de grève leur permet de tenir.
salué comme « essentiel » pour la continuité de la vie économique et sociale pendant la pandémie de Covid-19, les travailleurs des entreprises de nettoyage n’ont pas vu leurs conditions de travail s’améliorer. Travail à temps partiel, horaires atypiques et fragmentés, bas salaires malgré une hausse de 5,5 % des minima de branche en 2022, ou encore pénibilité restent le lot des personnels de cette sous-traitance qui se développe depuis les années 1970. Ce secteur, qui réalise un chiffre d’affaires de 15,4 milliards d’euros, emploie 550.000 personnes dans 14.000 entreprises, selon les données pour l’année 2020 de la Fédération des entreprises de nettoyage et des services associés (FEP), organisation patronale représentant 80% des effectifs.
Des initiatives ont été prises pour améliorer le sort de ces salariés. Le 8 septembre 2021, lors d’une « conférence de progrès » organisée par la FEP, cette dernière a appelé les acheteurs publics et privés à sortir du « la culture low-cost », et notamment de favoriser le travail de jour et continu. « Pendant la crise du Covid 19, nos clients ont exigé que nos équipes travaillent en partie pendant les heures de bureau, afin de rassurer leurs propres salariés pour qu’ils reprennent le travail, observe Philippe Jouanny, président de la FEP. Mais c’est fini. » La question des prix du marché est centrale, selon Christine Erhel, professeure au Conservatoire national des arts et métiers et directrice du Centre d’études sur l’emploi et le travail.
« Réduction des coûts »
« La pression à la baisse des donneurs d’ordres met une forte contrainte sur les entreprises », note le co-auteur d’un rapport sur la reconnaissance des professions de « secondes lignes » (bâtiment, transports routiers, propreté, etc.) commandée en 2020 par Elisabeth Borne, alors ministre du Travail, et livrée en septembre 2021. Le secteur public n’est pas exemplaire, malgré la récente circulaire, signée le 16 mars, par plusieurs ministres, dont Mmoi Borne, en faveur d’une commande publique responsable. « Depuis deux ans, les prix ont baissé de 5,8 %, calcule M. Jouanny. Or, les salaires et charges sociales représentent 80% du prix. »
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