La France est-elle vraiment la moins performante d’Europe en matière d’accidents du travail ? À l’occasion de la Journée internationale du souvenir des travailleurs tués ou blessés au travail, la Confédération européenne des syndicats (CES) a publié un manifeste le 28 avril pour mettre fin aux accidents mortels du travail d’ici 2030 dans l’Union européenne.
Selon les chiffres avancés dans ce document, qui comprend le Données Eurostat, le nombre d’accidents mortels du travail a globalement diminué au cours de la dernière décennie en Europe, mais a augmenté en France : de 537 en 2010 à 803 en 2019. Le pays a également le taux d’incidence le plus élevé d’Europe, avec une moyenne de 3,53 accidents mortels pour 100 000 travailleurs.
Si nous relions ce taux au poids des activités « à risque » dans chaque pays, la France arrive en deuxième position derrière le Luxembourg. Avec ce triste record, la France devrait enregistrer près de 8 000 décès supplémentaires dus au travail d’ici 2030, contre 563 pour la Pologne ou 3 143 pour l’Allemagne.
Sur les réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon a Réagi, accusant la France d’être « champion de l’abattage : 1 200 décès dus au travail par an ». Le leader de La France insoumise a repris les chiffres du rapport annuel de l’assurance maladie, qui comprend les accidents du travail stricto sensu, mais aussi les accidents du travail et les décès liés aux maladies professionnelles.
« Nous mélangeons des chiffres qui ne sont pas comparables »
De l’avis de Camille Pradel, avocat spécialisé en santé au travail, « Nous mélangeons des chiffres qui ne sont pas comparables. » Les mauvais résultats de la France s’expliquent en partie par une procédure de reconnaissance des accidents du travail plus stricte que dans d’autres pays. En particulier, le caractère professionnel d’une blessure interne (crise cardiaque, rupture d’anévrisme, etc.) n’est pas automatiquement reconnu dans d’autres pays; en France, « toute blessure sur le lieu de travail est présumée être d’origine professionnelle ».
Néanmoins, le nombre d’accidents du travail enregistrés augmente en France depuis dix ans, sauf en 2020. Selon Medicare, l’augmentation de ces dernières années s’explique en partie par la baisse du chômage : par rapport au nombre d’employés, le taux d’accidents reste stable.
Dans son dernier rapport, Medicare met également en évidence un « amélioration significative de la qualité du processus de reconnaissance » accidents mortels au travail. L’une des conséquences de cette amélioration serait « une augmentation statistique du nombre de reconnaissances de ta [accidents du travail] décès résultant d’un malaise » (180 cas de plus en 2019 par rapport à 2018).
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