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Les premières précisions et les grands principes énoncés par le gouvernement n’ont pas suffi à rassurer les salariés de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Mardi 28 février, ils ont été nombreux à répondre à un nouvel appel à la mobilisation pour protester contre le projet de réforme de la gouvernance nucléaire, qui prévoit l’absorption de leur établissement par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Au moins 700 personnes, selon l’intersyndicale – sur environ 1.700 salariés – ont manifesté à Paris alors que le projet de loi d’accélération nucléaire, par lequel cette réforme doit être introduite, a entamé son examen en commission à l’Assemblée.
« D’habitude nous ne sommes pas des gens qui descendent dans la rue, l’IRSN est un établissement très cosy, rappelle Delphine Pellegrini, responsable du département recherche et expertise déchets radioactifs. Mais là, on défend nos valeurs et notre métier. « C’est pour le cœur de notre métier que nous nous préoccupons, abonde Jean-François Barbier, ingénieur dans le domaine de la sécurité des installations. Nous avons lutté pendant des décennies pour construire cet établissement de protection des citoyens et pour instaurer la confiance, et en quatre semaines, le gouvernement a tout détruit. »
La gouvernance nucléaire reposait jusqu’à présent sur deux piliers : l’IRSN, en charge de l’expertise et de la recherche, et l’ASN, en charge du contrôle et de la décision. La décision de démanteler le premier pour créer un centre de sûreté unique a été annoncée de manière inattendue le 8 février, dans la foulée d’un conseil de politique nucléaire. Selon le gouvernement, cette fusion vise à « renforcer les moyens et l’indépendance de l’ASN » alors qu’il sera confronté à une charge de travail sans précédent.
«Rationaliser» les échanges
« Cette décision n’est pas du tout une critique du système actuel mais s’inscrit dans l’objectif d’optimisation maximale dans le cadre de la relance du nucléaire »assure le ministère de la Transition énergétique, qui met en avant la nécessité de « fluidifier » échanges et gagner en efficacité. « Dans le nouveau système, l’expertise technique peut être présentée directement au collège de l’ASN, permettant ainsi des décisions plus rapides éclairées par la science »il dit.
Cependant, l’annonce soudaine de cette réforme majeure a suscité de vives inquiétudes. Pour tenter d’y répondre, le ministère a annoncé, le 23 février, que les compétences en matière de recherche et d’expertise seraient regroupées au sein de l’ASN, plutôt que réparties entre l’ASN et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), comme initialement prévu. « La philosophie générale est de dire qu’il existe aujourd’hui une synergie entre expertise et recherche et que celle-ci doit être transférée en bloc de l’IRSN vers l’ASN », précise le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher.
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