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« Quelle compagnie est-ce ici? » », demande le chauffeur de taxi après avoir roulé sur les routes de la campagne iséroise. Son voyage s’arrêtera au pied d’un portail automatique et sa question restera sans réponse. Hermès n’a guère envie de crier sur les toits que l’immeuble niché dans un écrin de verdure aux portes du village de Fitilieu se trouve l’un de ses dix-neuf ateliers de maroquinerie et son premier centre de formation. Depuis septembre 2021, le site accueille une promotion de 35 apprentis sélectionnés pour se former au métier de sellier-maroquinier et obtenir un CAP. En février dernier, 35 autres recrues ont commencé leur apprentissage de dix-huit mois dans cette ancienne usine de tissage.
A l’intérieur, Lana Coomans, 21 ans, s’affaire à sa table. Entre ses doigts, des morceaux de cuir qui composeront un sac Kelly, l’un des modèles phares de la maison, qui ne s’achètent pas à moins de 7 000 euros – cela peut coûter deux à trois fois plus. Déjà titulaire d’un CAP maroquinerie et d’un BTS mode et chaussure, elle a frappé à la porte d’Hermès. » J’ai été attiré par la qualité et l’histoire de ce groupe, elle se confie. Je voulais travailler le plus possible à la main, sans utiliser de machines. » Elle a bien choisi : ici, la plupart des tâches se font manuellement, à commencer par le point sellier, qui caractérise tous les sacs de la marque.
La loi « avenir professionnel » de septembre 2018 a permis aux entreprises privées d’ouvrir leur propre centre de formation d’apprentis (CFA). Hermès a donc sauté sur l’occasion et a fondé l’Ecole Hermès des savoir-faire en septembre dernier. « Pour nous, c’était une évidence, explique Vincent Vaillant, directeur des ressources humaines Hermès maroquinerie et sellerie. Ce dispositif nous permet de valoriser nos formations internes, de transmettre notre savoir-faire et de délivrer un diplôme reconnu par l’Education Nationale. »
Un engagement que la marque de transport poursuit aussi par nécessité. La courbe des commandes de sacs étant inversement proportionnelle à celle du nombre d’artisans opérationnels, il a fallu réagir pour que les chaînes de fabrication continuent de tourner. « Nous formons pour répondre aux besoins de croissance de nos ateliers », admet Vincent Vaillant.
Hermès n’est pas un cas isolé. Toutes les entreprises de luxe sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre. Maroquiniers, créateurs de mode, polisseurs de bijoux : pour continuer à répondre à la demande des clients, le secteur a besoin de mains expertes. Dans ses bureaux du 8e arrondissement de Paris, Bénédicte Epinay, la déléguée générale du Comité Colbert, sorte de lobby du luxe qui regroupe 90 entreprises françaises, fait quelques calculs rapides : 20 000 postes d’artisans seraient vacants. « Le phénomène est ancien mais flagrant depuis un an et demi, avec la très forte reprise post-pandémie et la flambée des ventes en Chine et aux Etats-Unis », elle explique.
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