une nouvelle réforme « plus incitative et plus protectrice », promet le gouvernement, ce que les syndicats contestent

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L’exécutif veut à nouveau modifier les règles de l’indemnisation du chômage. Le gouvernement a donné, mercredi 7 septembre en Conseil des ministres, le coup d’envoi d’une nouvelle réforme visant à répondre aux difficultés de recrutement en faisant varier les conditions d’indemnisation des chômeurs en fonction de la conjoncture économique, une idée catégoriquement rejetée par les syndicats .

Première réforme sociale du second quinquennat, ce projet de loi vise dans un premier temps à pouvoir étendre les règles actuelles de l’assurance-chômage. Issus d’une réforme déjà controversée du premier quinquennat, ceux-ci expirent le 31 octobre et doivent être prolongés jusqu’en 2023.

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Il s’agit d’éviter tout vide juridique pour l’indemnisation d’environ 2,5 millions de demandeurs d’emploi et l’application du bonus-malus sur les cotisations de certaines entreprises qui recourent fortement aux contrats courts.

Modulation des indemnités

Plus que le contenu du texte, qui sera débattu à l’entame de la rentrée parlementaire en octobre, c’est la séquence qu’il déclenche qui fait débat.

L’exécutif souhaite moduler les conditions de l’assurance-chômage en fonction de la situation du marché du travail, comme ce qui se fait au Canada, par exemple. Pour cela, le gouvernement va saisir les partenaires sociaux d’une demande de négociation d’une modulation des allocations d’assurance-chômage afin qu’elle soit, selon les mots d’Emmanuel Macron, « plus stricte quand trop d’emplois ne sont pas pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ».

Ça va arriver « dans le cadre de la concertation » et non d’une négociation, a précisé, mercredi, sur franceinfo le ministre du Travail, Olivier Dussopt, ajoutant qu’en l’espèce, « C’est un échange, c’est une discussion, c’est des propositions, des contre-propositions (…) et à la fin le gouvernement prend les décisions qu’il doit prendre ».

L’objectif est d’atteindre des critères – le taux de chômage par exemple – dont l’évolution à la hausse ou à la baisse pourrait déterminer le nombre de mois de travail nécessaires pour accéder à l’indemnisation (actuellement six mois sur les vingt-quatre derniers) ou encore la durée de celle-ci. A l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole, Olivier Véran, a défendu une approche « plus incitatif et plus protecteur » et « qui s’adapte aux besoins ».

L’exécutif insiste, comme Olivier Dussopt, sur le fait qu’il y a urgence car il est « insupportable d’avoir encore un taux de chômage à 7,4% et en même temps d’avoir des retours unanimes des chefs d’entreprise sur les difficultés de recrutement ». Elle fait de cette réforme une des conditions pour atteindre l’objectif du plein emploi (chômage d’environ 5 %) en 2027.

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Selon l’économiste et député Renaissance (ex-La République en marche) Marc Ferracci, l’un des instigateurs de la réforme de 2019, « des dizaines d’études prouvent que les règles de l’assurance-chômage, y compris la durée et les seuils d’admissibilité, ont un effet sur le niveau d’emploi »en particulier pour les chômeurs les plus autonomes dans leur recherche.

Faux, rétorquent les syndicats, pour qui les difficultés de recrutement sont avant tout liées à la formation et à l’attractivité des métiers (salaires, conditions de travail, mobilité…).

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Une mesure « contracyclique »

Réunis lundi au siège de la CFDT, les syndicats se sont mis d’accord sur leur opposition à négocier une telle mesure « contracyclique », inverse de cycle économique. Ils devraient publier un texte commun en ce sens la semaine prochaine.

Il portera « sur le problème actuel des difficultés d’emploi et de recrutement qui ne trouveront pas de réponse efficace avec une réforme qui réduit encore les droits des chômeurs »a déclaré Marylise Léon (CFDT).

« On veut négocier un nouvel accord sur l’assurance-chômage, mais à condition qu’on nous laisse le contrôle »ajoute Michel Beaugas (FO). « La réalité, c’est que l’exécutif donne des garanties au Medef, qui n’a donc aucun intérêt à négocier avec les syndicats »déplore François Hommeril (CFE-CGC).

En effet, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déjà jugé que« l’ouverture des négociations ne servira à rien, puisqu’elle n’aboutira pas faute d’un diagnostic partagé avec les syndicats ».

Dès lors la messe semble avoir été dite. Sans accord, le gouvernement définira les règles par décret seul. Il veut une mise en œuvre « avant la fin de l’année », d’après M. Dussopt. Mais les discussions au Parlement ne seront pas une formalité. Pour ce premier texte au menu début octobre, les débats s’annoncent agités, notamment à l’Assemblée avec la coalition de gauche Nupes et le Rassemblement national (RN). « Ce n’est pas en frappant les chômeurs qu’on créera des cuisiniers, des soudeurs, des chaudronniers (…) », a déclaré mercredi Sébastien Chenu (RN) sur Public Sénat. Le gouvernement compte sur une attitude plus conciliante de la part des républicains qui ont revendiqué faire partie de l’opposition.

L’exécutif entend également ouvrir d’ici quelques mois une autre concertation sur la gouvernance de l’Unédic, le régime paritaire d’assurance chômage, en lien avec la réforme du soutien du revenu de solidarité active (RSA) et la création de France Travail, qui doit succéder à Pôle emploi et mieux coordonner les acteurs de l’emploi.

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Le Monde avec AFP



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