Depuis l’annonce du relèvement de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans, des voix se sont élevées pour souligner le risque de substitution entre l’emploi des seniors et l’emploi des jeunes. En d’autres termes, les départs à la retraite plus tardifs des 55-64 ans risqueraient de restreindre l’entrée sur le marché du travail des moins de 25 ans.
Une perspective européenne montre que les pays qui ont les taux d’emploi des seniors les plus élevés sont aussi ceux qui ont les taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans les plus bas, comme l’Allemagne, la Norvège ou le -Down. En revanche, les pays caractérisés par un chômage élevé des jeunes ont les taux d’emploi des seniors les plus faibles (Grèce, Italie, Roumanie).
Dans ce panorama, la France est moins bien positionnée que la moyenne de l’Union européenne (UE). La corrélation n’étant pas causalité, il est difficile d’en déduire que l’une a un impact positif sur l’autre ; il apparaît néanmoins qu’un taux d’emploi élevé des seniors n’empêche en rien un faible taux de chômage des jeunes.
La réforme de 2010 qui a relevé l’âge de la retraite de 60 à 62 ans en 2018 semble conforter l’hypothèse. Elle s’est traduite par une augmentation de l’emploi des seniors et une augmentation marginale du chômage.
Bien sûr, ces changements ne vont pas sans problèmes : selon une récente étude de l’Unedic en mars, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné une augmentation de 100 000 allocataires supplémentaires entre 2010 et 2022. Ce chiffre est à relativiser. , au regard des tendances mises en lumière par la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, dans son numéro de janvier 2023 sur « Les seniors sur le marché du travail », qui rappelle qu’entre 2014 et 2021, le taux d’emploi des 60-64 ans a augmenté de 8,9 points et la part des inactifs a diminué de 9,6 points.
Cela ne garantit pas que le déplacement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans aura les mêmes effets, mais que les données macroéconomiques ne suggèrent pas, ex post, un effet durable d’éviction des jeunes par les plus âgés.
Formation et orientation professionnelle
Le Conseil d’orientation des retraites considère également que « l’hypothèse d’une substitution entre emploi des seniors et emploi des jeunes est peu probable, du fait des différences de capital humain et de poste occupé ».
Sans s’aventurer sur le terrain liens théoriques entre éducation, économie et emploi, on peut soutiennent que l’apparente complémentarité qui se dégage entre l’emploi des jeunes et l’emploi des seniors reflète le niveau d’éducation et le degré d’efficacité des politiques « actives » caractérisées par les dépenses engagées dans la lutte contre le chômage.
Il vous reste 59,65% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.