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Le livre. C’est une activité qui se veut à la fois conviviale et favorable à l’engagement des salariés. Un « challenge gaufres » est régulièrement organisé au sein de ce centre d’appels téléphoniques français. Son principe est simple : les conseillers plaçant un produit ont une douce récompense : ils peuvent déguster une pâtisserie pendant leur temps de travail.
Le jeu comme levier de gestion ? Une réalité dans un nombre croissant d’entreprises, dans l’industrie comme dans les services, chez les cadres comme chez les ouvriers. C’est le constat fait par Stéphane Le Lay, chercheur associé à l’Institut de psychodynamique du travail.
S’appuyant sur de nombreuses enquêtes de terrain, le sociologue du travail questionne ce phénomène dans son dernier essai, Jouer! Travailler à l’ère de la gestion du divertissement (CNRS Éditions). Ce faisant, il révèle pourquoi « certains managers ont compris l’intérêt qu’ils pouvaient avoir à mobiliser des éléments de jeu dans leurs propres pratiques ».
La distraction devient diversion
les « le plaisir au travail » (installation d’une table de ping-pong…) a pour objectif d’offrir aux collaborateurs une ambiance de travail agréable. Au-delà, c’est bien sûr leur implication qui est recherchée, et leur adhésion au projet d’entreprise. Mais, en même temps, le « Gestion divertissante » porte, aux yeux de l’auteur, des objectifs plus profonds et plus idéologiques.
Pour étayer sa démonstration, M. Le Lay prend comme exemple les Doctoriales, une jeu d’entreprise (« business game ») à travers lequel les doctorants sont invités à concevoir collectivement un projet innovant. « Sous couvert d’une promotion efficace des aptitudes au dynamisme, à la créativité et à l’autonomie individuelle, travaille discrètement à promouvoir « l’esprit d’entreprise » néolibéral », souligne l’auteur. Et, s’ils prônent régulièrement les vertus de la collaboration, nombre de ces jeux proposés dans les organisations aiguisent beaucoup plus l’esprit de compétition des participants.
Plus encore, « jouer » doit permettre, selon le sociologue du travail, de détourner les salariés de la douleur qui peut découler de leur activité professionnelle. La distraction devient diversion. Il est « de rendre la participation à des activités plus ‘anodine’, même si celles-ci impliquent de nombreuses sources de souffrances potentiellement déstabilisantes pour les travailleurs ».
Une évolution inquiétante
La gestion des spectacles doit ainsi permettre de « d’endiguer, au moins temporairement, les souffrances éthiques susceptibles de survenir [l’]engagement subjectif [du « travailleur-joueur »] l’a conduit à commettre des actes qu’il avait auparavant désapprouvés ». Ses « sens éthique » est alors comme « anesthésié »le salarié ne doit plus se poser de questions, ni s’interroger sur la valeur morale de son travail.
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