La sobriété de la salle d’audience tranche avec le faste et les paillettes associés au concours Miss France. C’est dans ce contexte que le Tribunal de Prud’hommes (CPH) de Bobigny a entendu, mardi 21 juin, une affaire opposant l’association Osez le féminisme ! aux sociétés Endemol productions et Miss France.
L’organisation militante avait déposé un recours devant le CPH à la mi-octobre, dénonçant une « violation parfaite du droit du travail » contre les femmes « exploités, qui répètent et exécutent un spectacle sexiste, discriminatoire et lucratif », selon les termes du communiqué de presse de l’association. Osez le féminisme ! réclamaient la mise en place de contrats de travail dès les premières étapes de la sélection, au niveau local, ainsi que la suppression de tout critère discriminant du formulaire d’inscription au concours du centenaire.
Trois individus – trois jeunes femmes qui n’étaient pas présentes à l’audience et demandent l’anonymat après des menaces sur les réseaux sociaux – se sont joints à l’action, s’estimant lésés de ne pas avoir pu s’inscrire au concours, au printemps 2021, parce qu’ils ne répondait pas à tous les critères, jugé illégal.
« Cas d’école » du non-respect du code du travail
« Mesurant au moins 1,70 m sans talons, ne pas être – ni avoir été – marié ou pacsé, ne pas avoir d’enfant, ne pas fumer ni boire d’alcool en public, ne pas avoir de comportement contraire aux bonnes manières », énumère l’avocate de l’association militante, Violaine de Filippis-Abate, face à un public rendu nerveux par les trois heures d’audiences précédentes et un jury impassible. Le formulaire d’inscription au concours est « un cas d’école » non-respect du code du travail, tempête l’avocat, pour qui ces papiers d’immatriculation s’apparentent à une offre d’emploi dans le but d’occuper en fin de compte le poste de Miss France – encadré par un contrat d’un an, rémunéré.
Les plaignantes souhaitaient concourir pour Miss France, en 2021, séduites par les promesses d’un concours féministe et progressiste, dédié à la cause des femmes, a expliqué avant l’audience la porte-parole d’Osez le féminisme !, Alyssa Ahrabare. Mais « ils ont été confrontés au rôle d’une femme qui n’existerait pas au-delà de son apparence, qui n’a pas d’opinion ». A la barre, M.e Philippe Abate explique la démarche de l’un d’entre eux qui « voulait représenter toutes les femmes » et qui a estimé, à la lecture du formulaire, que « la grandeur d’une Miss semble[ait] mesurez-vous à vos centimètres, pas à votre personnalité ». Et d’ajouter :
Il vous reste 64,87% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.