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Pour sa dernière assemblée générale à Orange, le 19 mai, Stéphane Richard ne partira pas à l’unanimité. La prime de 475 000 euros que l’opérateur télécom veut verser à son futur ex-président suscite l’incompréhension des « mandataires », ces agences de conseil en vote qui soufflent à l’oreille des grands actionnaires. L’Américain Glass Lewis et ISS, ainsi que le Français Proxinvest, recommandent de voter contre le plan de rémunération pour 2022 des dirigeants d’Orange, y compris le salaire de M. Richard pour ses quatre mois et demi en tant que président et sa prime.
Par rapport aux cas qui avaient suscité la controverse dans le passé, comme les 13,7 millions d’euros reçus par Michel Combes lors de son départ d’Alcatel-Lucent en 2015, les 475 000 promis à M. Richard ne sont pas extravagants. Mais les agences consultatives par procuration jugent ce geste « injustifié ».
« Le conseil d’administration a décidé qu’il n’était pas normal de laisser partir Stéphane Richard sans minimum après toute son action à la tête du groupe pendant douze ans. Il n’a rien d’autre : pas de clause de non-concurrence, pas de pension de chapeau… », rétorque Nicolas Guérin, secrétaire général d’Orange, pour qui « ces critiques sont injustes et le montant n’est pas indécent. » L’opérateur insiste notamment sur le soutien de M. Richard tout au long du processus de recrutement de son successeur à la direction générale, Christel Heydemann. Mais selon l’ISS, « L’établissement d’un plan de relève est considéré comme une tâche ordinaire du conseil d’administration, en l’occurrence présidé par Stéphane Richard. En tant que tel, l’exécution de cette tâche serait donc récompensée deux fois, une fois par sa rémunération annuelle et une seconde fois par cette rémunération exceptionnelle ».
« Récompenser un départ forcé après une condamnation pour complicité dans le détournement de fonds publics peut sembler surprenant », estime l’agence ISS
Surtout, les agences rappellent que la démission de M. Richard de ses fonctions de directeur général résulte de sa condamnation en appel en novembre 2021 pour complicité dans le détournement de fonds publics dans l’affaire Tapie. « Récompenser un départ forcé après une condamnation pour complicité de détournement de fonds publics peut sembler surprenant », lance l’ISS. « Sa condamnation est privée et cette affaire n’a jamais eu d’impact sur l’activité de Stéphane Richard en tant que PDG ni sur celle d’Orange »M. Guérin répond.
Autre sujet de colère potentielle : l’arrivée de Jacques Aschenbroich à la présidence d’Orange. Glass Lewis, ISS et Proxinvest recommandent de voter contre sa nomination. En cause : son cumul de mandats. En plus de son futur poste chez Orange, M. Aschenbroich conservera la présidence de Valeo, potentiellement jusqu’à fin 2022, et occupera deux sièges au conseil d’administration de BNP Paribas et de Total. Glass Lewis craint que « cette combinaison de positions empêche » M. Aschenbroich « de consacrer le temps nécessaire pour assumer les responsabilités exigées d’un membre du conseil d’administration ».
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