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Le livre. Que sont devenues les relations professionnelles ? C’est la question que se posent les contributeurs du 21e nombre de Le nouveau journal du travail (NRT) aux éditions Erès. Au fil des pages de cet ouvrage spécialisé en sociologie du travail, « les auteurs scrutent depuis trois décennies les transformations profondes des relations professionnelles ». Ils sont nombreux et conduisent, pensent-ils, à une « déréglementation généralisée ».
Pour le comprendre, il faut se pencher sur les mutations qui ont souvent violemment affecté les entreprises, leur activité, leur organisation. « Mondialisation de la production et des échanges (…)éloignement des centres de décision des lieux de travail (…)modification du droit du travail par les Etats… » Les transformations à l’œuvre ont bouleversé le monde mis en place après-guerre, signant « la fin du modèle de compromis fordiste ».
L’entreprise est devenue un « nébuleuse », disent Meike Brodersen et Esteban Martinez, sociologues de l’Université libre de Bruxelles. Il s’agit souvent de sous-traitants, d’agences d’intérim ou de travailleurs indépendants. » [Une] la précarité et [une] la diversification de l’emploi à la source de l’affaiblissement de l’acteur syndical », expliquent-ils. Ceci est un facteur d’affaiblissement des systèmes de relations professionnelles. « La transformation des structures de pouvoir au sein de l’entreprise » en est une autre, selon les deux auteurs, à une époque où « identification des centres de décision de gestion » devient plus incertain.
Un « déficit démocratique »
Observé depuis plusieurs décennies, cet éclatement des collectifs de travail et cet éloignement de la figure de l’employeur ne sont pas nés avec l’économie de plateforme, insistent les auteurs. Ils l’ont précédée. Mais le livre souligne que le développement des plateformes numériques (transport, livraison de repas, etc.) a considérablement accentué les transformations à l’œuvre.
De quoi générer un « déficit démocratique »relative à « la dissimulation des relations de pouvoir et [à] l’effacement de l’employeur dans son rôle d’interlocuteur patronal au sein des entreprises repliées sur leur fonction d’intermédiation », expliquent les auteurs. Ils y voient « gouvernance algorithmique »qui « occulte les rapports de force réels, désincarne le management et pose un défi considérable à l’organisation de la résistance des salariés ».
L’examen montre comment le « centre des relations de pouvoir » a évolué avec le temps : il « n’est plus la relation de travail, mais la dépendance économique », disent les auteurs. Ils soulignent également à quel point ces évolutions défient les syndicats et rendent difficile « l’organisation de la résistance ». Associé à « réformes libérales »ces transformations ont une conséquence majeure : elles « générer une situation économique et sociale dans laquelle le pouvoir salarial est de moins en moins fort par rapport au pouvoir patronal »explique Camille Dupuy, sociologue de l’université de Rouen.
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