« Les entreprises vont devoir lâcher du lest sur les salaires »

"Les entreprises vont devoir lâcher du lest sur les salaires" – Thebuzzly

2bd28c8 1665674451270 000 32l98e9


Jeudi 13 octobre, au cœur de la grève qui secoue l’industrie pétrolière, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, invité de France Inter, y est allé de son diagnostic : « Il y a un problème de salaire dans notre pays et (…) il faut y répondre. » Et de recommander aux branches professionnelles et aux entreprises de trancher la question.

Suivez également notre direct : Pénurie de carburant : quatre syndicats appellent à une journée de grève interprofessionnelle le 18 octobre

La veille, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lors de la publication de ses prévisions, indiquait que, selon les estimations de ses experts, le pouvoir d’achat par unité de consommation des Français devrait se contracter de 1,4 % sur les deux années 2022 et 2023, « ce qui le ramènerait à un niveau proche de 2019 ». Mathieu Plane, directeur adjoint du service d’analyse et de prospective de l’OFCE, revient sur les ferments de tensions sociales observés ces dernières semaines.

L’émergence de conflits salariaux était-elle inévitable ?

Le choc induit par la hausse des prix de l’énergie correspond à un prélèvement de 3 points de PIB sur notre économie, soit entre 70 et 80 milliards d’euros. C’est énorme. Pour trouver un impact de cette ampleur, il faut remonter au premier choc pétrolier. La question est donc de savoir comment répartir ce coût entre l’Etat, les entreprises et leurs actionnaires et salariés. Aujourd’hui, avec le bouclier tarifaire et les mesures de soutien, l’Etat prend presque 50 milliards à ses dépens.

Lire aussi : Pénurie de carburant : « La CGT réfute tout blocage. Ce qui « bloque » la sortie de carburant, c’est que les agents aux postes clés sont en grève »

Jusqu’à présent, les entreprises ont plus ou moins maintenu le niveau de leurs marges. En revanche, les salaires n’augmentent pas aussi vite que l’inflation. À la mi-2021, les salaires augmentaient d’environ 1,5 %. Un an plus tard, mi-2022, ce taux avait dépassé les 3 %. Mais dans le même temps, l’inflation a triplé, passant de 1,7% à près de 6% ! Nous n’avons jamais connu de telles pertes de salaires réels au cours des dernières décennies. Actuellement, ce sont surtout les salariés qui subissent le choc de l’inflation.

Comment expliquer ce décalage ? Pourquoi l’inflation n’a-t-elle pas été davantage prise en compte dans les négociations passées ?

On n’ouvre pas tous les jours des négociations salariales dans les entreprises : cela crée une forme d’inertie dans l’évolution des salaires. Il ne faut pas oublier non plus que nous avions eu une inflation très faible pendant dix ans, autour de 1 %. Et, à l’automne 2021, lorsque les prix des matières premières ont commencé à grimper, on pensait que le pic d’inflation serait temporaire, qu’il était lié à la sortie du Covid. Mais la guerre en Ukraine a éclaté et l’inflation est devenue beaucoup plus durable, plus robuste et plus élevée. Les attentes ont changé et les salariés ont clairement intégré qu’ils perdaient du pouvoir d’achat.

Il vous reste 33,27% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.



Source link

Quitter la version mobile