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C’est une petite musique qui ne date pas d’hier : les enseignants, moins nombreux à postuler à ce métier frappé par le déclassement, seraient moins bons qu’avant. Argument avancé : les candidatures aux concours de recrutement des enseignants du secondaire ne sont pas complètes, depuis plusieurs années et dans plusieurs disciplines (français, mathématiques, etc.) ; puis les jurys de concours, contraints de choisir les lauréats parmi moins de candidats, abaissent la note du dernier admis (appelée barre d’admission), parfois à un niveau très bas. Faut-il en conclure que le niveau baisse dans toutes les compétitions et dans toutes les disciplines ? La réalité est plus nuancée.
Tout d’abord, le nombre de candidats diminue « a un impact mécanique sur le niveau de la compétition »détaille Xavier Sorbe, le président du jury du cap mathématiques – où seuls 817 candidats sont éligibles cette année, pour 1 035 postes. « Quand il y a moins de candidats, il y a forcément moins de bons profils. »
Conséquence : d’année en année, les jurys sont donc contraints d' »ouvrir » légèrement le recrutement – c’est-à-dire d’abaisser le seuil au-delà duquel un candidat est jugé trop faible pour être admis. Au cap des maths, la barre d’admission était à 8/20 en 2021 contre 9,5/20 en 2006 – à cette époque un peu moins de 4 000 candidats s’étaient inscrits au concours, contre 2 075 en 2021.
« En mathématiques, le seuil d’admission ne baisse plus depuis plusieurs années, et nous sommes souverains sur ce choix.défend Xavier Sorbe. Il n’est pas question d’abaisser la barre d’admission pour pourvoir des postes, car c’est à nous de garantir la qualité de l’enseignement. » Pour ce président du jury, le fait que les concours ne soient pas complets est justement un gage de qualité. Et de rappeler que la note du dernier admis reste celle du plus mauvais candidat : elle ne dit rien sur la tête du classement, qui compte de futurs professeurs bien plus prometteurs.
Un « deuxième concours »
Dans certains cas, s’abstenir de descendre trop bas ne suffit plus. « Honnêtement, le niveau est très bas »s’alarme un professeur des écoles membre du jury du concours du premier diplômé de l’académie de Créteil, qui ne souhaite pas donner son nom. Dans cette académie, la note du dernier au concours des professeurs des écoles serait de 6/20 – ce que le rectorat refuse de confirmer. « Je vois des copies pleines de fautes d’orthographe, sur lesquelles je me demande comment les candidats sont arrivés jusqu’au master. » Ce correcteur assure que le faible nombre d’éligibles à Créteil cette année (ils sont 521, pour 1 079 postes ouverts) est d’autant plus préoccupant que « la consigne a été donnée de noter largement, en évitant d’éliminer les candidats de la rédaction ». Trop de punition pour l’orthographe est également interdite – un maximum de 5 points peut être déduit, nous assure-t-elle.
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