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Pour comprendre l’étonnante résistance du marché du travail, dans un contexte de crises multiples – pandémique, puis énergétique et inflationniste – depuis trois ans, il faut s’intéresser aux chiffres de l’apprentissage. Entre 2019 et 2022, un emploi sur trois, soit 400 000 emplois sur 1,2 million, était un emploi en apprentissage. La proportion est même passée à trois sur quatre au dernier trimestre 2022. Résultat, fin 2022, la France comptait 980 000 apprentis, soit plus du double qu’en 2018.
« Le soutien apporté au développement de la formation en alternance, notamment l’apprentissage, est le plus puissant moteur d’entrée dans l’emploi aidé de ces dernières années », écrit l’économiste Bruno Coquet dans une note publiée le 27 mars 2023 sur le blog de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Ce soutien a également contribué à la baisse du chômage, qui est tombé à 7,2% de la population active fin 2022.
Mais cela a un coût. LE « véritable boom d’apprentissage »précise M. Coquet, ne date pas de la réforme de 2018, qui a élargi le dispositif, simplifié les démarches et libéralisé l’offre de formation, mais de juillet 2020. Dans le cadre du plan de relance post-Covid, l’État a accordé des aides exceptionnelles, en la somme de 5 000 euros pour un mineur et 8 000 euros pour un majeur, à tout jeune entrant en apprentissage.
Cette aide, qui s’ajoute aux exonérations fiscales et sociales accordées aux employeurs et aux apprentis, a remplacé celle prévue par la réforme de 2018. Celle-ci était réservée aux jeunes les plus éloignés du marché du travail, sortant prématurément du système scolaire, ou peu ou pas diplômés.
Redimensionnement
La mesure a coûté environ 4 milliards d’euros en 2021 et près de 5 milliards en 2022. Un montant qui peut paraître élevé dans une période où le marché du travail tient bien et qui a provoqué quelques déviations. Certaines entreprises en ont sans doute profité pour embaucher de la main-d’œuvre bon marché. « Mais cet effet de substitution n’est pas completfait valoir Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), car le taux d’emploi hors alternance des jeunes augmente également. »
Pour 2023, l’Etat a un peu réduit les voilures : l’aide exceptionnelle a été ramenée à 6.000 euros pour tous, quel que soit l’âge ou le niveau d’études, et n’est versée que la première année. contrat au lieu de trois ans.
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