La sanction, qui était attendue, vient de tomber. Houria Aouimeur-Milano, la directrice nationale du régime de garantie des salaires, a été licenciée pour « faute lourde ». Restée confidentielle jusqu’à présent, cette mesure disciplinaire a été notifiée le 23 février, citant des « manquements graves » : train de vie coûteux, prestations conclues au mépris des règles, etc. L’intimé conteste la décision et fait valoir, par l’intermédiaire de ses avocats, qu’il s’agit d’un acte de « représailles »après les rapports qu’il a faits sur de graves abus dans le secteur dans lequel il opère.
Le régime de garantie des salaires, connu sous l’acronyme AGS, est une entité unique dans notre système de protection sociale. Elle assure la rémunération des femmes et des hommes employés dans les entreprises en difficulté (redressement, liquidation, etc.). Les sommes sont mises à la disposition des représentants légaux qui les redistribuent ensuite aux personnels concernés. La gouvernance du système incombe à « l’association AGS », au sein de laquelle siègent exclusivement des représentants des mouvements patronaux – dont le Medef, qui a un poids prépondérant. Les opérations concrètes sont réalisées par la délégation AGS de l’Unédic (DUA), qui est un « établissement » de l’Unédic, l’association gestionnaire de l’assurance chômage.
Fin 2018, Mmoi Aouimeur-Milano est nommé à la tête de la DUA. Quelques mois plus tard, un audit réalisé par le cabinet EY révélait des dysfonctionnements susceptibles d’engager la responsabilité du prédécesseur du directeur national, Thierry Météyé. Ce dernier est accusé – entre autres – d’avoir attribué de telle manière « massif et anormal » dossiers à un avocat. Il a été mis à la retraite puis licencié pour négligence grave.
Une première série de plaintes a été déposée en mars 2019 par plusieurs protagonistes, dont le Medef et l’Unédic, pour « vol, corruption et prise illégale d’intérêts ». Très vite, les soupçons de détournement de fonds se sont propagés à d’autres acteurs – notamment à des administrateurs et agents de justice qui auraient été impliqués dans des stratagèmes avec l’ancienne direction de la DUA. Comme l’a dit un haut responsable à l’époque, « On ne sait pas où est passé l’argent » avancées, dans certaines procédures, à ces professionnels servant d’intermédiaires. Un autre audit est commandé au cabinet Advolis, qui s’interroge sur la destination finale des milliards d’euros ayant transité entre les mains des représentants légaux entre 2013 et 2018.
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