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RécitEn près de trente ans en tant que brasseur à Auburn, le sexagénaire compte 177 contrats de courte durée. Son avocat poursuit l’entreprise devant le tribunal du travail, condamnant une forme de discrimination. Une affaire délicate dans cette cité alsacienne où une entreprise très appréciée est à l’honneur.
A l’usine, les autres ont décidé de l’appeler « Ali ». Rabah Mekawi a adopté un pseudonyme : il ne fait pas partie de ceux qui s’offusquent. « Peut-être que le surnom était plus facile pour eux », Respire cet humble ouvrier, gêné de parler de la vie qu’il a partagée pendant trois décennies avec ses camarades alsaciens dans les chaînes de la brasserie Cronenburg à Obernai (Bas-Rhin). Dans la charmante ville, même son petit ami sexy Bernard Schwartz – trente-six ans d’amitié – l’appelle « Ali ». Il ne pense clairement pas mal, c’est un grand homme aux bras tatoués, un Segetiste à la retraite, toujours prêt à affronter l’injustice.
Fin 2021, Bernard est du côté de Rabach car ce dernier, ouvrier non qualifié, s’est engagé à faire valoir ses droits devant le tribunal du travail de Saverne : une pension égale à la pension des autres. A 62 ans, cet homme chauve au physique maigre de marathonien porte un trop gros bagage professionnel, doublé d’un triste record de 177 contrats de courte durée en vingt-sept ans à l’usine. Plus précisément : 161 missions d’intérim et seize contrats à durée déterminée (CDD) au cours du cursus, qu’il n’a pas choisi. Je ne suis offensé par personne, insiste-t-il, mais « Avec 12 euros de l’heure contre 17 euros pour le reste, j’ai beaucoup perdu sans ancienneté. »…
Ce jour-là, devant le tribunal du travail, son avocat M.e Nicole Radius accuse Kronenbourg, déjà condamné pour de tels faits, de« Abus de contrats saisonniers ». Me Radius est favorable à la reconversion d’une carrière de dentelle en un seul contrat à durée indéterminée (CDI). La décision sera prise 1est un Février.
Exigences Paix Cronenburg a refusé d’interroger le directeur et de visiter l’usine en raison d’une crise sanitaire. En attendant, l’ami Bernard n’abandonne pas : « Ali, ils auraient dû l’engager. «
« Eux », les dirigeants de Cronenburg, ce monument du patrimoine alsacien, né en 1664. Avec 800 salariés, la brasserie d’Obernai est la première en Europe. Une bière sur trois consommée en France sort de ses réseaux – 700 millions de litres par an – jour et nuit. Il faut dire que ce lieu, exceptionnel, garantit l’accès à l’eau puisée dans la nappe phréatique. Jérôme Hatt, héritier du fondateur de l’entreprise, choisit le site après une recherche minutieuse en 1969. A cette époque, l’heure de la prospérité sonnait pour Obernai. Bernard Fischer, natif et maire (droits divers) de cette ville de 12.000 habitants depuis deux décennies, garde de lui un bon souvenir : « En proposant du coup 1 000 nouveaux employés, cela crée une telle demande d’air qu’il n’y a plus de mécaniciens dans les garages voisins, tous consacrés à la brasserie. «
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