« La réforme annoncée risque de déstabiliser un parcours de formation sans résoudre aucun des problèmes fondamentaux »

"La réforme annoncée risque de déstabiliser un parcours de formation sans résoudre aucun des problèmes fondamentaux" – Thebuzzly


LL’enseignement professionnel est rarement au centre des débats sur l’éducation. Enseignement populaire par son recrutement, il intéresse peu les classes moyennes et les élites qui le connaissent mal.

Les annonces du Président de la République concernant la réforme de l’enseignement professionnel suscitent désormais des inquiétudes légitimes.

Le projet s’organise autour de trois idées centrales : réintroduire l’orientation précoce dès le 5eaugmenter les périodes de stage, réduire la part de l’enseignement général.

Elle s’accompagne d’un « meccano » institutionnel, avec l’annonce de la double tutelle de l’éducation nationale et du ministère du travail. Étrange décision, qui réintroduit un débat décidé en 1920 [année de la création d’un sous-secrétariat d’Etat de l’enseignement technique rattaché au ministère de l’instruction publique] ! Il s’agit d’étendre le modèle de l’apprentissage – dont le succès récent doit cependant être nuancé, puisqu’il concerne majoritairement les étudiants de l’enseignement supérieur et repose sur un financement public très coûteux (11 milliards d’euros en 2021).

Contrairement à l’enseignement général, l’enseignement professionnel a longtemps été soumis à des logiques différentes, parfois contradictoires.

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A l’objectif d’insertion professionnelle s’ajoute celui de poursuivre des études supérieures. L’offre et la reconnaissance des diplômes varient selon les branches professionnelles. Loin d’être uniforme, elle se caractérise par une grande diversité.

Démocratisation scolaire

En bac professionnel, quatre spécialités (commerce/vente, services, santé et carrières sociales, électricité/électronique) regroupent 56 % des 511 800 élèves. Sa diversité s’explique aussi par un tissu économique et social différent d’une région à l’autre. Enfin, la ségrégation hommes-femmes y est forte, avec des secteurs presque exclusivement féminins (bac pro accompagnement, soins et services à la personne, ASSP, par exemple) ou masculins (bac pro technicien du bâtiment, par exemple).

Chargé du IIIe République de « formation de l’homme, du travailleur et du citoyen », cet enseignement a connu un destin singulier dans l’histoire de l’école. Organisé par la loi Astier de 1919 qui voulait favoriser la formation professionnelle en associant école et atelier, l’enseignement professionnel se rapproche alors du modèle scolaire.

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Jusque dans les années 1970, il se voulait un enseignement d’élite formant des ouvriers et employés titulaires du CAP, et leur permettait une ascension sociale grâce à une formation continue validée par le brevet professionnel (BP). Sa fonction a changé sous le double effet de son intégration dans le système scolaire à partir des années 1960 et des transformations des organisations du travail dans les entreprises.

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