la puissance du jargon managérial

la puissance du jargon managérial – Thebuzzly


Le livre. Prendre soin de « développez votre potentiel » dans sa vie privée, pour s’assurer que les élèves réussissent  » Buts «  à la maternelle, développer une « gouvernance agile » dans les universités… Aux yeux d’Agnès Vandevelde-Rougale, « les mots de l’entreprise semblent s’infiltrer partout ».

Quel est l’impact de cette évolution dans notre vie quotidienne, dans notre relation aux autres, dans notre façon de penser le monde qui nous entoure ? Quel est, en somme, le pouvoir de ces mots ? Ces questions sont au cœur d’un ouvrage concis écrit par le sociologue et anthropologue, Mots & illusions : quand le langage du management nous gouverne (10/18).

Ses recherches sur la rhétorique managériale et sa diffusion l’ont d’abord conduite dans les années 1980. C’est durant cette période qu’un vocabulaire spécifique s’impose dans le monde des affaires. Il par la suite « se répandre dans les différentes couches de la société ». UN « évolution lexicale qui [a] accompagné[é] la diffusion de l’idéologie managériale néolibérale et lui [a] donner[é] l’apparence du bon sens »elle explique.

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Mmoi Vandevelde-Rougale reconnaît le pouvoir mobilisateur de certains mots. Ils ont une influence sur le public, une capacité à fédérer et à façonner un imaginaire partagé. « Dans un monde incertain, les promesses de croissance et de maîtrise du discours managérial peuvent être rassurantes », note-t-elle. Les entreprises ont compris ce pouvoir. Ils s’en saisissent pour tenter de séduire et renvoyer une image positive, n’hésitant pas à intégrer la critique sociale pour en tirer profit (thème de la responsabilité sociale, diversité, etc.).

malaise

En même temps, le vocabulaire utilisé aujourd’hui dans les organisations valorise la responsabilité individuelle, l’autonomie et invite « Se considérer comme des indépendants, à la fois responsables de la gestion de la charge de travail et de la relation avec les autres ». Une rhétorique qui peut fragiliser les individualités, prévient l’auteur, en ce qu’elle « laisse chacun seul aux prises avec ses conditions de travail ».

Elle s’accompagne, de plus, de multiples injonctions (être efficace, adaptable, développer son employabilité, etc.) qui peuvent provoquer un malaise lorsque les salariés sentent qu’ils n’ont pas la possibilité d’y répondre. Mmoi Vandevelde-Rougale évoque notamment les dispositifs mis en place pour améliorer le bonheur au travail. « Si, malgré (…) baby-foot, séances de yoga (…)les employés ne sont pas contents (…), ne sont-ils pas les premiers coupables ? »

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