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« Le record du nombre de départs au sein de la police et de la gendarmerie a été battu en 2021, puis dépassé à nouveau en 2022. » Dans un rapport sur l’exécution budgétaire de la mission « Titres » pour l’année 2022, communiqué au gouvernement le 13 avril, la Cour des comptes s’inquiète d’un niveau de départs sans précédent, « un phénomène fondamental établi depuis la fin de la crise sanitaire ».
Ce mouvement de fond, déjà record en 2021 et qui s’est intensifié en 2022, s’explique moins par des départs à la retraite, à un niveau relativement plat, que par « la concurrence avec la police municipale, qui attire de plus en plus de policiers et de gendarmes » grâce à de meilleures conditions de travail et de rémunération, une augmentation des démissions d’étudiants en cours de formation et une augmentation des détachements dans d’autres administrations – de 50 % dans la police, par exemple.
Dans la police, les créations d’emplois permettent d’autant moins d’endiguer le phénomène qu’elles concernent essentiellement le personnel administratif et scientifique : en 2022, ces services ont connu 874 recrutements, « alors que le nombre de policiers actifs a diminué de 117 ETP [équivalent temps plein] »un véritable défi à l’heure où l’Elysée et la place Beauvau ont fait du doublement des effectifs affectés à la voie publique un axe central de leur politique de sécurité.
Qualité « dégradée » du recrutement
La police et la gendarmerie, contraintes d’augmenter les recrutements en 2022 – respectivement de 25 % et 29 % – se retrouvent face à une série de conséquences en cascade, d’autant qu’elles ont largement sous-estimé les volumes de départs à la retraite pour cette même année.
D’abord parce que ce besoin d’augmenter en urgence les effectifs pèse sur le « coût du sac à dos », c’est-à-dire les dépenses d’équipement des nouvelles recrues, de l’ordre de 4.144 euros dans la police et 2.328 euros dans la gendarmerie. Ensuite, parce qu’elle contribue à accentuer la pression sur la capacité d’accueil des écoles. Avec 8.500 recrutements prévus d’ici 2027, relève la Cour des comptes, « le Beauvau de la sécurité puis la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur se sont fixé des objectifs très ambitieux »une annonce qui « apparaît irréaliste au vu de l’état de quasi-saturation de l’appareil d’entraînement ».
Cependant, afin de fournir du personnel nouveau et de maintenir l’engagement politique d’un « Recrutement massif de policiers et gendarmes » rappelé dans le rapport annexé de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, les pouvoirs publics n’ont d’autre choix que de « détériorer la qualité du recrutement ». En témoigne l’augmentation considérable du taux d’admission au concours de gardien de la paix, qui est passé de 2% en 2014 à 18% en 2020, et qui a atteint 20% chez les sous-officiers de gendarmerie.
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