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EnquêteEn 2017, l’affaire Penelope Fillon rappelait au grand public l’existence des « AP », collaborateurs des 577 députés de l’Assemblée. La vague macroniste leur a fait espérer des meilleures conditions de travail. Cinq ans plus tard, ils racontent un métier toujours exigeant, précaire et pas si bien payé.
C’est une modeste victoire, de celles qui ne font pas de bruit mais du bien. Par un courrier reçu en septembre 2021, Grigori Michel apprend qu’il a gagné aux prud’hommes. « Licenciement sans cause réelle et sérieuse », indique la notification du jugement. Environ 10 000 euros d’indemnités et de dommages et intérêts. Loin de ce qu’il réclame, mais c’est toujours ça. D’autant que l’ex-patron du jeune trentenaire n’a pas fait appel.
En ce début du mois de février, dans un café du 11e arrondissement de Paris, Grigori Michel, visage rond et barbe courte, savoure : pour lui, c’est la fin d’une injustice. Il assure s’être fait » sortir pour une seule raison : j’ai ouvert ma gueule en étant témoin d’une agression sexuelle de mon patron sur une de mes collègues « . Il préfère ne pas s’exprimer sur l’affaire pénale, toujours en cours et dans laquelle son ancien employeur dénonce de « fausses accusations ».
Le patron en question s’appelle Pierre Cabaré. Agé de 64 ans, il est député de Haute-Garonne depuis 2017, sous l’étiquette La République en marche (LRM). Grigori Michel fut l’un de ses collaborateurs parlementaires, de l’été 2017 à la fin 2018. Désormais, fini la politique, adieu les rêves de cabinets ministériels, le jeune homme s’est reconverti en commissaire d’exposition De son récent succès judiciaire, il n’a d’ailleurs pas informé le Palais-Bourbon. « Je n’attends rien de l’Assemblée nationale, explique-t-il. La seule chose que je voulais, c’était laver mon image et sauver mon honneur. »
Valse inédit
Emmanuel Macron avait été élu sur la promesse de l’avènement d’un « nouveau monde », une autre manière de faire de la politique. Peut-être moins professionnelle, en tout cas plus bienveillante. La vague en marche ! avait tout emporté sur son passage : le nouveau parti présidentiel a fait élire 314 de ses candidats en juin 2017. Pour la grande majorité des novices en politique. S’enclenche alors une valse inédite des collaborateurs : les deux tiers (soit 1400) perdent leur poste. Presque autant débarquent au Palais-Bourbon pour la première fois, dans un monde jusqu’ici inconnu.
« A chaque fois qu’on s’est réuni en avant des obligations professionnelles et juridiques qui ne sont pas respectées, on nous renvoie à la relation directe, salarié-député employeur. » Mickaël Levy, collaborateur parlementaire
Un roulement par ailleurs renforcé par la première loi du quinquennat, pour la confiance dans la vie politique, qui, entre autres, interdit aux parlementaires d’employeur des membres de leur famille proche – enfants, parents, conjoints – comme assistants. Car, en janvier 2017, l’affaire Fillon avait mis un coup de projecteur aussi inattendu que brutal sur ces grands invisibles de la vie parlementaire, caricaturés soit en emploi fictif, soit en lumpenprolétariat de « petits plats » – expression qu’ils honnissent – corvéables à merci et soumis aux humeurs et aux horaires de leurs 577 patrons, les députés, à l’Assemblée nationale ou en circonscription.
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