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tuUn des arguments justifiant le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite est le constat d’une augmentation de l’espérance de vie, qui réduirait le rapport entre actifs et inactifs. Mais prolonger la vie active des seniors risque d’avoir un impact négatif sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes par leurs proches.
Selon les données de l’enquête « Emploi du temps » de l’INSEE, les seniors retraités consacrent en moyenne une demi-heure de plus par jour que les seniors en activité à s’occuper des enfants et des personnes âgées qui les entourent. D’après nos calculs (en appliquant un taux horaire net au SMIC, sans compter les cotisations sociales et en supposant qu’une personne sur deux parmi les générations concernées est à la retraite), les soins aux enfants et aux personnes âgées assurés par les retraités français âgés de 62 ans à 66 ans correspond aujourd’hui à un montant de 10,7 milliards d’euros par an.
Cette somme ne représente qu’une très faible part des coûts de prise en charge des personnes âgées que, sans l’aide précieuse de leurs proches, la réforme pourrait engendrer. Il sera en effet très difficile de maintenir à domicile les personnes âgées dépendantes : le secteur de l’aide à domicile a longtemps été structurellement en pénurie de personnel, les places en maisons de retraite sont rares et chères. Selon le rapport 2021 de la Commission des comptes de la sécurité sociale, trois personnes âgées dépendantes sur cinq sont prises en charge à domicile pour un coût moyen par personne de 12 000 euros, contre 35 000 euros en EHPAD. Le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge estime l’aide informelle apportée par l’entourage entre 11 milliards et 18 milliards d’euros en 2017.
Le relèvement de l’âge légal de la retraite pourrait entraver cette solidarité intergénérationnelle et contribuer à creuser le déficit de la sécurité sociale. Cette solidarité profite également aux jeunes parents puisque ce sont souvent les grands-parents qui se déplacent lorsque les petits-enfants sont malades pour s’occuper d’eux, les parents n’ayant souvent que cinq jours par an de congé pour les enfants malades.
Risque de déséquilibres du marché du travail
Un deuxième argument repose sur les difficultés de recrutement de certaines entreprises sur le marché du travail : ce manque de main-d’œuvre pourrait être compensé par un recul de l’âge de la retraite. Mais les métiers en tension sont souvent les plus exposés aux facteurs de pénibilité au travail, ou sont très spécialisés. Ils peuvent difficilement être assurés par des travailleurs âgés. Selon une enquête menée par Pôle emploi en 2022 auprès de 2,4 millions d’établissements et à laquelle un établissement sur six a répondu, les métiers les plus sous pression sont les couvreurs, les zingueurs, les aides à domicile et les femmes de ménage, les pharmaciens, les chaudronniers, les métallurgistes, les serruriers, les mécaniciens de véhicules et électronique. Parmi les métiers qui embauchent le plus, on retrouve les salariés de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration et des aides-soignants.
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