En Grèce, Eleusis, Capitale européenne de la culture 2023 et « ville des antithèses »

Éleusis (Elefsina, en grec moderne), une petite ville côtière de 25 000 habitants, à 21 kilomètres au nord-ouest d’Athènes, est bien loin des paysages grecs dignes d’une carte postale. Ici, point de maisons blanches au détour de ruelles fleuries ou de plages paradisiaques. Eleusis n’est pas pittoresque, et les Athéniens ne s’y sont guère aventurés ces dernières décennies. Maisons basses et industries désaffectées surplombent les hautes cheminées des raffineries. Sa baie est parsemée de carcasses de bateaux naufragés ou abandonnés. La baignade n’est pas recommandée, en raison des nombreux produits chimiques déversés dans l’eau.

Mais Eleusis est aussi la patrie de l’ancien dramaturge Eschyle et possède un riche site archéologique, puisque la ville était l’un des centres religieux les plus importants de l’Antiquité, et des rites dédiés au culte de Déméter, la déesse de la fertilité et de l’agriculture, s’y tenaient. . A partir du 19ème^e siècle, la ville devient un important centre industriel et accueille des milliers de réfugiés grecs d’Asie Mineure, chassés par les nationalistes turcs en 1922. Plus récemment, des camps de migrants se sont installés à proximité.

Et pourtant, malgré ces cicatrices du passé qui ont marqué l’environnement, Eleusis a été choisie pour être, en 2023, l’une des capitales européennes de la culture avec Timisoara, en Roumanie, et Veszprém, en Hongrie. Et l’espoir est né que, peut-être, la ville pourrait changer.

« Cette petite ville – la plus petite capitale européenne jamais élue à ce titre – rassemble des questions très contemporaines, comme les questions de désindustrialisation, de chômage, d’immigration, d’environnement, et c’est pourquoi elle a été choisie »assure le metteur en scène et directeur artistique de l’événement, Michail Marmarinos.

Pour Despina Geroulanou, Présidente d’Eleusis 2023, dans le cadre des Capitales européennes de la culture, « les petites villes, souvent en difficulté, sont mises en avant justement pour avoir l’opportunité de changer leur image et de définir leur avenir à travers la culture, la recherche et l’art ».

Elle définit Eleusis comme « une ville d’antithèses, de mystères, de mythes, [elle] est fascinant précisément à cause de ces contrastes ». « Le site archéologique à côté des usines, les bateaux abandonnés en mer, les habitants venus de toute la Grèce et au-delà pour travailler, tout cela forme une mosaïque extrêmement intéressante. »

Le 4 février, la cérémonie d’ouverture a offert un spectacle son et lumière exceptionnel sur la mer, attirant plus de 15 000 visiteurs. « Notre ville s’est transformée en un immense festival à ciel ouvert. Nous n’avons vu que des sourires, de l’émotion et de la fierté, et malgré les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés (crise économique, inflation, etc.), nous avons un peu échappé au quotidien. »se réjouit Argyris Economou, le maire.

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