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En vingt ans d’expérience dans la restauration, jamais avant ce mois de juin Daniel Pardo n’avait été embauché en contrat à durée indéterminée (CDI). « La plupart du temps, on m’a fait travailler et travailler sous contrat, souvent à temps partiel, même quand je travaillais douze heures par jour, en partie payées au noir, et interrompues pendant les périodes d’inactivité. Cela explique pourquoi je ne cumule que trois ans de cotisations sociales à temps plein, alors que j’ai toujours travaillé… », explique ce serveur espagnol de 37 ans. En juin, il signe son premier CDI, un « contrat à durée déterminée discontinu » de quarante heures par semaine, avec deux jours de repos par semaine et un » bon salaire « au-dessus de celui marqué par la convention collective, dans un bar de la station balnéaire de Benidorm, le Gaztelutxo, dans la région de Valence.
Six mois après l’entrée en vigueur de la dernière réforme du travail en Espagne, qui a drastiquement restreint la possibilité pour les entreprises de recourir aux contrats temporaires, le nombre de contrats à durée indéterminée continue de battre des records, mois après mois. En juin, 780 000 CDI ont été signés, du jamais vu dans toute la série statistique. Au total, au cours du premier semestre, près de 3,2 millions de CDI et près de 700 000 emplois nets ont été créés. Le chômage est passé sous la barre des 3 millions en mai pour la première fois depuis 2008. Et si les contrats temporaires – à durée déterminée, saisonniers, occasionnels ou journaliers – représentaient jusqu’alors 90 % des nouveaux contrats signés chaque mois, ils ne constituent qu’environ 55 % des le total.
Marché du travail dépendant du tourisme
« Juin a été un mois de surexposition aux contrats à durée déterminée. C’est un phénomène qui s’est effondré cette année. C’est l’effet le plus immédiat de la réforme du travail »a insisté le secrétaire d’État à l’Emploi, Joaquin Pérez Rey, le 4 juillet. « La solidarité et la justice sociale sont deux clés de la politique économique pour répondre à la crise de manière efficace, mais aussi équitable », a souligné le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez. « Dans un contexte incertain marqué par la guerre en Ukraine et l’inflation, le marché du travail apporte stabilité et force »a ajouté, sur Twitter, la ministre du Travail, de la formation de gauche radicale Unidas Podemos, Yolanda Diaz.
Face à l’emploi précaire, perçu comme inéluctable, lié à un marché du travail très dépendant du tourisme (27% d’intérimaires avant l’approbation de la loi, contre 13,5% en moyenne dans l’Union européenne), le gouvernement de gauche a trouvé une solution la solution. Utilisés massivement dans le secteur de la construction, mais aussi dans l’hôtellerie, les contrats de travaux et de services, dont la fin pouvait donc être signifiée à tout moment, ont été supprimés. Les contrats de circonstances de production ont été rendus plus coûteux pour les entreprises. Et les contrats à durée déterminée ont été limités à six mois, renouvelables jusqu’à un an, pour éviter les abus.
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