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Ce n’est pas une réponse, c’est un cri du cœur. Lorsqu’on lui demande s’il reviendrait travailler dans la restauration en Belgique, Arnaud Guetache, serveur sur la digue de Malo-les-Bains (Nord) n’hésite pas : « Jamais ! Beaucoup trop d’heures ! » Il enchaînait jusqu’à trois cents par mois, une moyenne de soixante quinze par semaine, « de 9h à 1h du matin », dans un café de plage à Koksijde, près de La Panne, en Belgique.
A Malo-les-Bains, petite commune du littoral, contiguë à Dunkerque (Nord), la plupart des restaurants, cafés, glaciers et campings n’ont pas encore retrouvé tous leurs saisonniers pour cet été. En cause, notamment, la concurrence de la Belgique. Malo-les-Bains n’est qu’à 20 kilomètres de La Panne, première station belge après la frontière. On dit que les Belges prennent tout le monde, même sans parler flamand. « Il faut juste savoir dire ‘bonjour’, ‘au revoir’, ‘bon appétit’assure Kevin Druon, serveur chez Koffielicious, à La Panne. Je l’ai trouvé tout de suite. Mais si ça vaut le coup en termes de salaire, il faut être en forme… »
Pour un serveur, la différence peut être de près de 3 euros de l’heure. Soit 13 à 14 euros côté belge, quand, en France, la plupart des spots diffusés actuellement proposent juste le Smic horaire, donc 11,52 euros (salaire brut, du 1euh peut).
Une « conception de l’effort qui n’est pas la même »
Hugo Ferfaille, conseiller en charge des ressources humaines à la Chambre de commerce du littoral, estime que la concurrence transfrontalière entre restaurateurs touche principalement ceux qui vivent « très proche de la Belgique ». « Dès qu’il faut parcourir des kilomètres pour se rendre au travail tous les jours, ça n’en vaut plus la peine. »
Ce vendredi 14 avril, il a rendez-vous avec des Belges qui viennent recruter en France. Avec des mots prudents, il parle d’un « mentalité différente » et une « conception de l’effort qui n’est pas la même » en Belgique. Comprenez, comme le dit plus crûment cette jeune française, employée d’un glacier à La Panne, « Ici, tu travailles vraiment beaucoup et tu acceptes qu’une grande partie de tes heures soit payée au noir. Moi, ça me va ».
Les réputations se répandirent rapidement dans ce petit territoire franco-belge. Kevin Defive, propriétaire de La Moule rit, un restaurant de Malo-les-Bains, a retrouvé son équipe pour cet été. Surtout des étudiants, certains qui reviennent année après année. « Le bouche à oreille va vite. Si vous traitez correctement vos équipes, elles reviennent et ne veulent pas travailler en Belgique. » Ils pourraient cependant gagner plus, mais, comme nous l’assure Julie Barrois, sa responsable de salle : « En tant qu’étranger, ce n’est pas facile et, ici, nous avons notre stabilité, nos horaires hebdomadaires. »
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