« L’amélioration du taux d’emploi des travailleurs expérimentés, notamment par des transitions progressives, n’évoluera que dans la durée avec une prise de conscience culturelle de tous les acteurs concernés (filiales, entreprises, salariés, pouvoirs publics) »expliquait, il y a trois ans déjà, le rapport Bellon-Mériaux-Soussan remis au gouvernement pour faire avancer l’emploi des seniors.
Bien en avance sur les débats actuels sur la réforme des retraites, il a privilégié les mesures de temps partiel, tout en reconnaissant que cela nécessitait de repenser la fin de vie au bureau. Les entreprises progressent jusqu’ici en ordre dispersé et par petits pas sur le recours au travail à temps partiel pour les seniors, essayant de répondre d’abord à leur problématique de gestion des effectifs.
A la BNP par exemple, un accord intergénérationnel prévoit que le salarié s’engage à « enfin par écrit » de quitter l’entreprise dès qu’il obtient son taux plein. Ainsi, les ressources humaines peuvent mieux anticiper l’évolution des effectifs, quand un départ classique ne peut être annoncé que quatre mois plus tôt.
Certains prévoient une augmentation de la rémunération, afin que la perte de salaire ne soit pas trop importante. Par exemple, jusqu’en 2018, l’accord intergénérationnel d’Airbus prévoyait pour certains salariés une mesure de temps partiel subventionné, où le salaire était majoré de 10 % « sans que l’application de cette majoration puisse entraîner le versement au salarié d’une rémunération brute supérieure à celle qu’il aurait perçue s’il avait travaillé à temps plein ».
Imaginé en 1988
Autre exemple, chez Orange, le dispositif de temps partiel senior négocié en décembre 2021 est tellement incitatif que 10 % des effectifs y ont eu recours. « L’entreprise avait besoin de libérer de l’espace dans des fonctions support où la moyenne d’âge était élevée, mais où les conditions salariales étaient favorables »informe Frédéric Pelletier, délégué CFDT d’Orange qui a lui-même demandé à en bénéficier, comme 7 600 autres salariés.
Mais le cadre le plus général pour développer le temps partiel des seniors est celui de la retraite progressive, imaginée en 1988 pour éviter que les entreprises ne licencient leurs salariés âgés. Accessible à tous les salariés du secteur privé de plus de 60 ans ayant validé au moins 150 trimestres, ce dispositif permet de réduire en douceur la masse salariale, en autorisant les salariés à travailler à temps partiel en percevant une partie de leur retraite. Le temps travaillé doit être compris entre 40% et 80%, et peut être modifié.
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