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De mémoire de journaliste, on n’avait jamais vu ça dans un conflit social : une conférence de presse de salariés non grévistes. Elle s’est déroulée le vendredi 26 mai, dans l’entrepôt logistique de Vertbaudet, à Marquette-lez-Lille (Nord). Celui-là même qui est mis à l’honneur en raison de la grève emblématique menée depuis plus de deux mois par 72 salariés pour des augmentations de salaire – l’accord de négociations annuelles obligatoires (NAO), signé début mars par les syndicats FO et CFTC, n’offre que des bonus.
Qui a pris l’initiative de cette conférence ? Officiellement, les non-grévistes souhaitant « réagir » pour « Déclarations syndicales et politiques du début de semaine » – il y a eu des rassemblements de soutien à la grève à Tourcoing (Nord) et à Paris. Mais l’aide apportée par la direction brouille le cadre de l’échange. C’est un mail du service communication qui a invité les journalistes. Et, le vendredi matin, un assistant de direction les guide à travers l’entrepôt. « Parce que les salariés sont toujours à leur poste »explique-t-elle quand on est surpris.
Justement, un appel retentit pour eux dans les haut-parleurs : « Votre attention s’il vous plait, une communication aura lieu en C1 à 9h25 » Le C1 est l’endroit où quelques chaises ont été alignées pour accueillir la presse, devant un pupitre et un micro. Environ 200 personnes convergent sur l’espace délimité par des palettes et des piles de cartons pliés, pas si loin de l’effectif total non gréviste (255 salariés).
Mots sincères
Savent-ils même pourquoi ils viennent ? « La direction va communiquer sur le conflit, n’est-ce pas ? Ils le font régulièrement., estime un petit groupe d’intérimaires. Combien sont-ils, d’ailleurs, non encore sécurisés par un CDI, nous demande-t-on ? Lentement, les mains se lèvent : la moitié de l’assemblée.
La conférence commence. Les délégués FO et CFTC n’y participent pas. Seuls trois employés prennent la parole à tour de rôle. Leur sincérité ne fait aucun doute. D’abord Caroline Binot, packaging depuis vingt-deux ans. « Cette grève, j’aurais pu y aller. Le 0% d’augmentation, moi aussi j’ai eu du mal à l’avaler, elle explique. Mais le NAO s’était terminé deux semaines auparavant, le moment n’était plus opportun. Et puis, j’ai vu un soutien extérieur, de la CGT, empêcher les camions de rouler assez violemment. Et les deux intrusions, c’était extrêmement éprouvant, on s’est senti agressé. »
Les 11 et 14 avril, selon la direction, des personnes extérieures ont commis des dégradations et des violences sur le site et six personnes ont été prises en charge. » en état de choc » par les pompiers. « Quand on entend des appels au boycott, ça nous inquiète, ajoute l’employé. Cette société est ce qui nous fait vivre ! » Louisa, contrôleur qualité depuis 2002, s’insurge contre la » mensonges « sur les réseaux sociaux : « La hiérarchie ne nous traite pas comme des esclaves. Ce n’est pas mon expérience. Je n’ai jamais été martyrisé. »
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