Ll’hôpital public va mal, les services d’urgence vont très mal. Symptôme et conséquence d’une profonde crise hospitalière, accélérée par la pandémie de Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Faute de personnel hospitalier, un service sur cinq risque de fermer cet été.
Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques montrent que l’encombrement des urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. Pourtant, les urgences sont la vitrine et la porte d’entrée de l’hôpital. Le départ massif des soignants et des médecins a déstabilisé nos établissements, avec des fermetures de lits et de services, ce qui rend inévitable le goulot d’étranglement de nos urgences.
Se remettre en configuration de crise Covid
Ce désenchantement profond et viscéral du personnel hospitalier résulte d’une gestion déshumanisée des ressources humaines, transformant l’administration de nos hôpitaux en gestion entrepreneuriale, dont la seule boussole reste la rentabilité. Critère absurde, puisque nos recettes aggravent le déficit de l’Assurance maladie, et donc des comptes de la nation, en s’appuyant sur le fameux tarif à l’activité (T2A), aux effets meurtriers. Nous arrivons clairement à la fin d’un cycle, appelant à une réforme structurelle fondamentale, maintes fois annoncée par nos différents ministres, mais jamais réalisée ni même initiée.
Comment passer l’été sans trop de « casse » ? Avec les congés de notre personnel hospitalier, la situation va s’aggraver. Afin de limiter les dégâts, il faut donc, de toute urgence, se remettre en configuration de crise, exactement comme pour la crise due au Covid-19. Les Agences régionales de santé et la direction hospitalière doivent réactiver nos fameuses cellules de crise, en mettant en place des organisations de gestion des lits (gestion des lits), par le recensement quotidien, au niveau départemental, de tous les lits disponibles et des informations en temps réel sur les établissements en crise. Oui ca « expéditeur » pourrait être efficace, mais ne vous y trompez pas, affronter cette nouvelle crise imposera d’autres sacrifices à un personnel souffrant et épuisé. Le recours à de nouvelles déprogrammations pour libérer des lits redevient donc une option envisageable.
Comment on est venu ici ? Dans mon service, je demande toujours aux infirmiers, aides-soignants, cadres de santé les raisons de leur départ. Deux types d’arguments : d’une part, le manque « factuel » d’attractivité de l’institution ; ensuite, le sentiment d’un manque de reconnaissance humaine. Manque d’attractivité : difficultés de logement dues à des loyers hors sol déconnectés des revenus de nos soignants, entraînant des trajets plus longs et plus chers. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps en réservant, en contractualisant avec les mairies, des logements abordables pour nos soignants.
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