A Reims, la grève des « gilets jaunes » d’Orpea

A Reims, la grève des "gilets jaunes" d'Orpea 


Dès l’aube, distribuez les plateaux du petit-déjeuner, beurrez les tartines, enchaînez six à neuf toilettes, faites les lits, nettoyez les chambres, lavez les toilettes et, si possible, servez le déjeuner et le dîner, au restaurant… Ne leur dites rien ce sont des aides soignantes diplômées d’état ! Ils disent qu’ils ont perdu « le sens de leur travail » devenir « Couteaux suisses ». Faute de personnel suffisant, « Le soir, les résidents sont souvent jetés au lit ! Pendant la journée, nous les accélérons. Ou nous faisons tout pour eux. Le peu d’autonomie qu’ils ont, du coup on les enlève ! », ils se confient. En raison de  » faire tout « , ils ont fini par se mettre en grève.

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Fin mai, à Reims (Marne), le ciel est bas. Un thermos de café, des chips, des gâteaux pour tenir le siège jusqu’au soir, des plaids sur les épaules, ils sont une bonne quinzaine d’employés devant la porte de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Saint-André qui accueille 98 résidents . Aides-soignants, assistants médico-psychologiques ou simples aides-soignants, ils forment une équipe soudée dans cette maison de retraite prisée des bonnes familles champenoises. « Nous avons été les premiers en France à lancer le mouvement. On nous appelle les « gilets jaunes » d’Orpea », se vante sur les marches Zara Chikhi, soignant avec onze ans de maison. Depuis leur premier piquet, le 18 mai, d’autres Ehpad du groupe sont sortis, à leur tour, spontanément.

Vendredi 3 juin, la CGT a pris le relais. Pour la première fois, la centrale a lancé un slogan national avec les 227 EHPAD du groupe. Une bonne trentaine d’établissements devaient cesser leurs activités. Du jamais vu dans l’histoire d’Orpea.

Les dirigeants « perdus »

Le déclic remonte au 17 mai. Dans un hôtel chic du quartier de La Défense, à deux pas du siège d’Orpea, à Puteaux (Hauts-de-Seine). Jean-Christophe Romersi a pressenti qu’il allait mettre le feu aux poudres. « Il y a des matins où je préfère ne pas me lever »a glissé le directeur général France du groupe, avant d’annoncer aux délégués syndicaux que les 14.000 salariés d’Orpea ne toucheraient pas de prime d’intéressement en 2022.

La suppression de la prime était inéluctable, se défend la direction. Les inspections des affaires sociales et des finances ont établi, en mars, que des détournements de deniers publics avaient été orchestrés au siège du groupe, confirmant les révélations de Victor Castanet, auteur du livre Les fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 euros). L’entreprise est menacée de devoir rembourser les fonds volés. Le Fonds National de Solidarité pour l’Autonomie est chargé d’en évaluer le montant.

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