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Le livre. C’est une petite musique que l’on entend dans les bureaux depuis de nombreuses années. Il est joué avec constance par des managers, des cadres et des consultants, et repris par une « Littérature managériale » prolifique. Son thème principal peut varier : il invite tantôt à donner du sens au travail, tantôt à favoriser la discussion, les salariés à s’exprimer sur l’activité de l’entreprise, voire à voir toute nouveauté comme un progrès.
Mais ce fond sonore représente aussi et surtout, pour Sandra Enlart, un ensemble de « discours moral » qui permettent aux organisations de définir le bien, le juste, le vrai… et ce qui ne l’est pas.
Tout au long de son travail Quand les bons et les mauvais viennent travailler (PUF), l’auteur, directeur de recherche en sciences de l’éducation à Paris-X-Nanterre, travaille à déconstruire nombre de ces histoires qui ont cours dans les entreprises. Elle essaie de comprendre ce qui les sous-tend et ce qui explique aussi leur permanence dans le temps. Mmoi Enlart rappelle, par exemple, que « l’idée que c’est nécessaire et qu’on peut réconcilier l’entreprise et ses salariés » est à la mode depuis « l’apparition des grandes organisations modernes. Taylor lui-même n’a-t-il pas plaidé cette cause devant les syndicats ? [au début du XXe siècle] » ?
Discours préconstruits et conformisme
Pourquoi ces discours sont-ils si présents dans les sphères managériales, inspirant parfois les orientations stratégiques de l’entreprise (définition de sa raison d’être, de ses valeurs…) ou ses modes de management (recrutement…) ? S’ils sont stratégiques, selon l’auteur, c’est parce que l’organisation poursuit, à travers eux, une finalité claire : créer un lien, un attachement avec les salariés pour assurer leur implication volontaire, leur « soumission volontaire ».
A travers cette plongée dans les croyances managériales, Mmoi Enlart dénonce les discours préconstruits, un conformisme moral singulièrement dépourvu de nuance. Cela ne s’arrête pas là. L’auteur se livre, dans la deuxième partie de l’ouvrage, à une analyse similaire de la littérature critique du monde de l’entreprise, » œuvres [qui] essayé de montrer à quel point l’organisation est dangereuse et irrespectueuse envers l’individu ».
Là encore, l’auteur soulève la « discours moral » qui reviennent régulièrement. « Le travail tue », « la réalité est sur le terrain », « dans l’entreprise tout est manipulation »… Si elle souligne la véracité de certaines thèses, elle regrette, là encore, le manque de nuances et les présentations manichéennes qui sont régulièrement faites du monde du travail.
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