Qu’est-ce que le Syndrome de Paris ?

Dans les années 1980, un psychiatre japonais vivant à Paris décrit un phénomène qu’il observe chez les touristes japonais. C’est le « syndrome de Paris »causé par le décalage entre l’illusion de Paris et sa réalité. Revenons à ce trouble psychologique.

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Le fantasme de Paris

Et non, Paris ne ressemble pas à ce que l’on peut voir dans Émilie à Paris. Où est la capitale des cartes postales, du luxe, du romantisme, la ville deAmélie Poulain ? Où est la plus belle ville du monde ? A leur arrivée dans la capitale, certains touristes japonais se rendent compte que Paris n’est pas ce qu’on leur a vendu. D’ailleurs, Jean-Pierre Jeunet avait expliqué qu’il ne voulait pas faire de suite à Amélie Poulain car  » Paris est devenu moche“.

Et non, les Français ne sont pas tous grands, minces et habillés par de grands créateurs. Les Français ne vont pas au musée tous les jours. Les Français ne sont pas forcément raffinés, encore moins romantique. Les rues de la capitale, qu’ils découvrent dans des films ou des séries, ne sont pas tous propres. Certains endroits ne sont pas ce qu’ils imaginaient. Les transports sont bondés et les œuvres sont présentes par milliers. Autant de défauts qui créent de réels ennuis à certains voyageurs.

Le « syndrome de Paris » affecte généralement les Japonais, qui sont chaque année les plus nombreux à découvrir les rues et monuments de Paris. Le phénomène commence à être vu dans les années 80. En effet, cela correspond à l’essor du tourisme de masse japonais en France. A cette époque, il y avait une bulle financière au Japon. Beaucoup de Japonais peuvent voyager. Ils décident alors de venir à Paris, ville de l’amour, du luxe et de la culture. A l’époque, il n’y avait ni internet ni réseaux sociaux pour comprendre à quoi ressemblait vraiment la capitale française. Tout est fantasmé. Pour eux, Paris c’est Versailles, Montmartre ou le Moulin Rouge. Ils pensent y passer un merveilleux Noël.

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Déception à l’arrivée dans la capitale

C’est en 1986 que le médecin Hiroaki Otapsychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris) diagnostics le tout premier cas de syndrome de Paris. C’était un touriste japonais visitant la capitale. Dans les années 1980, il signale une centaine de cas. Ce sont surtout les jeunes femmes japonaises qui ressentent un malaise terrible au milieu de la capitale. Lorsqu’ils apprennent la nouvelle, il est déjà trop tard, le syndrome les a déjà touchés.

Dans leur tête, la France est celle d’Amélie Poulain. Le constat est dur lorsqu’ils arrivent sur place. Selon le médecin, le trouble est traduit par un sentiment d’immense décalage entre la vision idéalisée que ces gens entretenaient autour de la ville lumière et la terrible déception vécue en arrivant à destination » .

C’est l’un des nombreux problèmes du voyageur. Certains syndromes sont liés à certaines villes du monde. Comme Syndrome de Stendhal Où syndrome de florence. Le syndrome de Florence survient chez certains voyageurs lorsqu’ils sont exposés à une ou plusieurs œuvres d’art. Il existe aussi le syndrome de l’inde. Cela se produit lorsque des touristes viennent visiter l’Inde pour la première fois, mais sont choqués par la pauvreté et la violence du pays.

Les symptômes de ce syndrome de Paris

Quant aux symptômes, le médecin en parle dans son livre. En particulier, il souligne comportement antisocial, anxiété ressentie par rapport aux yeux des autres, même hallucinations ou même un souhait de mort.

Le docteur Stern, chef du service de psychiatrie à l’hôpital américain de Paris ajoute aussi, au micro d’Europe 1, que  » des signes de dépression, d’anxiété, une perte soudaine d’estime de soi, un sentiment de déréalisation, d’étrangeté » .

Il est sentiments de frustration et d’échec qui germe dans la tête du voyageur. Ils pleurent doucement une image idéalisée. Certaines déceptions mènent même à la folie. Au début des années 2000, une femme avait tout cassé dans sa chambre d’hôtel. Tout le luxe et ses achats compulsifs dans la capitale commencent à la persécuter.

Un syndrome qui s’est un peu atténué avec le temps

Heureusement, avec la mondialisation et l’arrivée d’Internet, ce syndrome est de moins en moins fréquent. Les gens sont de mieux en mieux informés, ce qui permet de casser un peu l’image de Paris. Les touristes japonais sont beaucoup moins surpris à leur arrivée.

Les symptômes sont moins spectaculaires qu’avant. Cependant, pour certains, ils persistent. Chaque année, le syndrome de Paris touche une vingtaine de Japonais. Cela vient notamment de la difficulté pour certains japonais à s’adapter aux codes de la vie parisienne. Les modes de vie en France et au Japon sont diamétralement opposés.

Les Français et les Japonais, si différents

Les Français n’hésitent pas à interrompre la parole, à parler fort par exemple. Ce qui n’est pas du tout le cas des Japonais. Les Japonais qui arrivent à Paris ont le sentiment que certaines choses ne fonctionnent pas correctement. Comme certaines lignes de métro ou de RER qui sont soit bondées soit indisponibles.

Celles-ci passent d’une image de carte postale à la réalité des rues de Paris. La saleté est présente dans la capitale française, les Parisiens eux-mêmes le critiquent. Le fait que certains jettent leur chewing-gum ou leurs cigarettes dans la rue choque les Japonais.

Ceci mélangé à un sentiments de rejet et de persécution ce que ressentent certains voyageurs. Il y a un vrai problème par rapport au langage et à la parole. Très peu de Parisiens s’arrêtent pour aider quand la personne ne parle pas français.

Le psychothérapeute et psychanalyste Rodolphe Oppenheimer affirme que ce syndrome peut toucher d’autres touristes que les Japonais. Le seul remède à ce mal qui les ronge ? Quittez la ville. Ce décalage entre fantasme et réalité peut alors conduire à une rejet total par le sujet. Cette personne, choquée et traumatisée, ne remettra peut-être plus jamais les pieds en ville. Comme si Paris était maudit.

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