Gadama inc : A l’accueil du siège sur le quai, le PDG rencontre une cinquantaine de nouveaux collaborateurs. « Avec nous, vous êtes libre. Vraiment. Pas de hiérarchie ni de patrons, vous êtes votre propre patron. Il est strictement interdit de donner des ordres. Que voulez-vous, je suis élève de Mai 68, j’ai peur de l’autorité : je veux que les gens s’amusent en ma compagnie ! « Gadama inc. n’est pas qu’une entreprise : c’est une véritable incarnation de la démocratie participative.
Lorsque Thibault Brier propose de rejoindre le groupe en tant que philosophe, il accepte avec enthousiasme. « Sauf que tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Petit à petit, je me suis convaincu de la perversité du style de management que j’étais chargé de promouvoir, dans la manière dont il était utilisé. », révèle l’auteur Gestion des substances toxiques (Robert Laffont). Le livre est un témoignage effrayant de la manipulation de la conscience pratiquée dans le monde des affaires aujourd’hui.
Si le nom est fictif, Gadama Inc. existe vraiment. C’est une entreprise qui est considérée comme la référence en matière de performance de gestion et bien d’autres s’en inspirent. Il se veut présage de ce que sera le monde du travail de demain : en ligne, peer-to-peer, peu hiérarchisé, participatif, souligne celui qui l’a rejoint entre 2012 et 2018.
Le besoin de transparence
Le philosophe d’entreprise participe aux réunions du conseil d’administration et du comité de direction, anime des formations pour techniciens et managers, et diffuse la notoriété des différentes filiales. Embauché pour définir les valeurs de l’entreprise afin qu’ils puissent les diffuser et instaurer la confiance, il doit vraiment passer des commandes sous couvert de valeurs humanistes, obligeant les membres de l’organisation à adhérer à une certaine doctrine du PDG – « Comme Amazon, Google et Apple ont mis en place une fonction » évangéliste en chef » qui a le mérite de la clarté. »
Lors de la journée d’accueil des rookies, le président et actionnaire principal, rebaptisé « père fondateur », insiste sur une totale transparence dont chacun doit faire preuve, et termine son discours par un rappel du recrutement d’une maison philosophique totalement libre dans ses propos, qu’il promène à travers les étage… «À la fin de mon discours – modéré et prudent depuis mes débuts – il me demande explicitement de reporter à partir de maintenant certaines de mes critiques les plus sévères contre les réunions du conseil d’administration. »
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