C’est un nouveau mouvement. Mardi 13 septembre, des salariés de l’ONG Forum-Réfugiés, l’un des plus gros prestataires de services de l’Etat en matière d’accueil et d’hébergement des étrangers en France, ont débrayé dans plusieurs endroits du territoire. Selon la direction de l’ONG, ils étaient quelques dizaines alors que, selon l’un des organisateurs de la grève, ils étaient près de 200, sur un total de 500 salariés. Une fête s’était rassemblée à Villeurbanne (Rhône) devant le siège de l’ONG, dont les dispositifs se répandent dans tout le quart sud-est de la France.
Ce mouvement, organisé en dehors des syndicats, a pour point de départ le non-versement de la « prime Ségur » à certains salariés de Forum-Réfugiés qui ne sont pas considérés comme faisant partie de l’action sociale. La revalorisation salariale de 183 euros nets, décidée par le gouvernement lors du Ségur de la santé puis progressivement étendue aux travailleurs sociaux, notamment dans le secteur associatif, récompense ceux qui ont été en première ligne pendant la crise sanitaire.
Pourtant, le personnel de Forum-Réfugiés en grève dénonce « attribution inégale » de la prime dont certains appareils et fonctions sont exclus. Le 30 août déjà, une lettre signée par une quarantaine de cadres de l’ONG avait été envoyée à la direction pour dénoncer une « sentiment de mépris, d’injustice et de manque de considération ressenti par les salariés » exclus de la prime.
Vincent (tous les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées) est assistant social hôtelier dans un centre d’hébergement à Clermont-Ferrand. Joint au téléphone, comme plusieurs autres grévistes, il a expliqué au Monde qu’en raison de son poste, il ne bénéficie pas d’une augmentation de salaire. « Alors que nous avons tous une forte dimension sociale dans notre travail »il défend.
« Le général en a marre »
« Une secrétaire peut, par exemple, être amenée à effectuer des travaux d’accompagnement, comme le renouvellement de la complémentaire santé d’un étranger ou le dépôt de sa demande d’asile »illustre à son tour Idris, un attaquant pour qui le versement inégal de la prime de Ségur a agi comme une « une goutte d’eau qui a brisé le dos du chameau » et révèle une « marre général ».
Une lettre ouverte envoyée par les grévistes à la presse évoque tour à tour une « pires conditions de travail »un « Rotation très élevée au sein de la main-d’œuvre »une augmentation de la charge de travail, la complexité du droit applicable aux étrangers et « le manque de soutien de la direction face aux pratiques préfectorales illégales »la « précarisation » public accompagné ou même un « montée de la violence ».
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