La page Facebook du Collectif national ASCT – pour « agent de service commercial des trains », ou « contrôleur », dans le langage courant – montre trois petits singes : le sourd, le muet et l’aveugle. Mais la légende précise que, grâce aux réseaux sociaux et à la mobilisation du groupe, tout cela est terminé. Les contrôleurs ont décidé de se faire entendre.
La direction de la SNCF et les voyageurs vont en faire l’expérience, du vendredi 2 au dimanche 4 décembre. Ils se mettent en grève et le mouvement sera très suivi : 80 %, selon les syndicats. Cependant, pour des raisons de sécurité, un train ne peut pas circuler sans capitaine.
Des perturbations majeures sont donc annoncées sur les TGV et Intercités : 60 % des trains seront supprimés. Seul un train sur quatre circulera sur l’axe Atlantique et l’Ouigo, un sur trois sur les lignes TGV Est et Sud-Est, un sur deux sur le TGV Nord et les Intercités. Il n’y aura pas de trains de nuit pendant le week-end.
Il faut aussi s’attendre à des perturbations dans les TER, car le mouvement ne touche pas que les lignes nationales, mais toute une profession. Il y aura aussi une baisse de fréquence sur les lignes étrangères : pas de trafic vers l’Espagne, un train sur trois vers l’Italie et un sur deux vers l’Allemagne.
Un collectif « indépendant et très optimiste »
Alors que tout le monde se préparait à la grève du 7 décembre, annoncée par les syndicats CGT, SUD-Rail et CFDT, au premier jour des négociations salariales annuelles, la révolte des contrôleurs a pris le sens par surprise.
Elle était pourtant prévisible. Les capitaines de train se parlent depuis plusieurs semaines sur une boucle Telegram – elle compte 670 membres – et sur leur page Facebook, un groupe de 2 922 membres, réservé « uniquement pour ASCT » et créée le 27 septembre. Il y a 3 000 contrôleurs pour les TGV et Intercités et 10 000 au total, si l’on compte leurs collègues pour les trains régionaux.
Le collectif veut être « apolitique et non syndiqué » et dis « œuvrer à la reconnaissance de [son] travail « . Il est précisé, dans les règles définies par les administrateurs de la page Facebook, que « les ASCT se foutent des querelles syndicales ». Le mouvement est né du terrain, comme les « gilets jaunes ». « Ce collectif est indépendant et très optimiste », observe Olivier Armand, de l’UNSA-Ferroviaire. Les syndicats l’ont vu émerger à l’automne avant les élections professionnelles, mais n’ont pas pu en profiter.
Le collectif devait encore accepter l’aide des organisations syndicales représentatives pour engager le dialogue avec la direction et lancer la procédure d’alerte sociale qui, depuis la loi Sarkozy sur le service minimum, doit ouvrir un dialogue avant la grève. Cette demande de consultation immédiate a été déposée fin octobre par SUD-Rail, l’UNSA et la CFDT. La CGT a gardé ses distances, même si les contrôleurs CGT sont dans le collectif. Cela lui a sans doute coûté des voix aux dernières élections, où son score est monté à 32,44 %, contre 34 % en 2018, tandis que SUD-Rail gagnait 1,5 point, à 18,67 %, pour devenir numéro un sur l’axe sud-est des TGV. C’est là que le collectif est né.
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