Voici une étude sur laquelle le gouvernement peut se fier. Alors qu’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, qui durcira les règles d’indemnisation, entrera en vigueur le 1euh Février 2023, l’Unédic – l’association paritaire qui gère le dispositif – publiait, mercredi 7 décembre, la quatrième édition de son baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, réalisé avec l’institut Elabe.
Cette fois encore, comme les années précédentes, l’opinion publique sur les chômeurs se durcit. Un Français sur deux estime ainsi que les demandeurs d’emploi sont responsables de leur situation (+ 7 points par rapport à 2021). Les évolutions de la société restent cependant la première cause de chômage citée, mais en fort recul (– 6 points, 59 %). En parallèle, la « soupçon » concernant les chômeurs continue de progresser. 49 % des 3 000 Français interrogés – 1 600 actifs et 1 500 demandeurs d’emploi – estiment que la plupart d’entre eux ne cherchent pas vraiment à trouver un emploi (dont 16 % qui sont » Entièrement d’accord « avec cette déclaration, en hausse de deux points).
De plus, 60% pensent que les chômeurs ont du mal à trouver du travail parce qu’ils ne font pas assez de concessions, 57% qu’ils ne travaillent pas parce qu’ils « risqueraient de perdre leurs indemnités ». Enfin, 42% (+ 3 points) des Français considèrent que les chômeurs sont « assisté ». Un terme régulièrement utilisé par la droite et le patronat, encore plus en cette période de pénurie de main-d’œuvre malgré un taux de chômage de 7,5 %, et qui trouve un fort écho au gouvernement, ainsi qu’une partie de la gauche. Un contexte qui renforce aussi la perception des Français sur les chômeurs. Depuis 2020, date du premier baromètre, plus le taux de chômage est bas, plus le regard de l’opinion publique est dur.
« connaissance partielle »
Néanmoins, plusieurs éléments sont relativement paradoxaux avec cette méfiance. Ainsi, « le chômage continue d’être perçu comme une situation subie », précise l’étude. Tout comme vivre une telle situation est devenu banal pour les Français puisque pour 95% d’entre eux, « Tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière ». Enfin, une large majorité (59%) continue de se dire « attaché au modèle français d’assurance-chômage »même si cette proportion est en baisse de 4 points.
Un sentiment de contradiction qui s’explique par la « connaissance partielle », voire une réelle méconnaissance, de la réalité du chômage, sur laquelle se fonde l’opinion des Français. Seul un tiers de la population évalue à sa juste valeur (entre 900 et 1 099 euros) le montant mensuel moyen de l’allocation chômage (un tiers le surestime, un autre le sous-estime). L’ignorance est encore plus importante sur le taux de chômage, surestimé par 54% des sondés pour le situer en moyenne à 15%, soit le double de la réalité. Un écart considérable mais constant depuis 2020.
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