Il décrit cette ronde infernale comme » un carrousel « . Fatigue extrême, problèmes de concentration, de mémoire, courbatures, essoufflement… Au total, Gérard (le prénom a été changé), cadre dans une entreprise spécialisée dans les ressources humaines, a recensé quarante-trois symptômes. Depuis fin 2020, il est atteint d’une forme grave de Covid au long cours – terme qui désigne la persistance de séquelles plusieurs semaines voire mois après avoir contracté le virus – et voit les souffrances se succéder du jour au lendemain. ensuite, au hasard.
Après dix-sept mois d’arrêt, il a repris le travail début mai, en thérapie à temps partiel. « La situation est compliquée au bureau », résume-t-il. Tout d’abord parce que « [sa] la maladie ne se voit pas : c’est un handicap invisible ». Il raconte le regard méfiant d’un collègue, l’incrédulité de son supérieur hiérarchique, pour qui une reprise à temps plein aurait été préférable. « Elle ne s’intéresse pas à mes problèmes de santé et pense que je suis dans un état dépressif. » Gérard considère aujourd’hui avoir été « placard ». « Mon travail à temps partiel ne me permet pas de mener à bien des démarches de recrutement complètes, on m’a donc confié des tâches administratives que j’effectuais au début de ma carrière »il se lamente.
Si elle est peu évoquée en entreprise, la maladie concerne pourtant « une grande partie de la population française », indique Santé publique France. Son étude, publiée au printemps, précise que 2,06 millions de personnes de plus de 18 ans présentaient début avril une affection post-Covid-19, selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (symptômes présents au moins trois mois après l’infection). ).
Les personnes concernées sont d’accord : depuis longtemps le Covid est une maladie largement méconnue en entreprise. Cela peut parfois conduire à des tensions, comme dans la société de Gérard. Plus généralement, cette méconnaissance n’encourage pas la discussion et place fréquemment les patients en situation d’isolement.
Ils souffrent du manque de recul sur le long Covid, mais aussi de sa complexité, la maladie pouvant prendre de nombreuses formes d’intensité variable (fatigue extrême, troubles digestifs, perte d’attention, troubles neurologiques, problèmes de vue, etc.). Au total, 203 symptômes ont été identifiés. Un groupe de patients, l’association ApresJ20, déplore également un manque de communication des pouvoirs publics sur la question.
Situations très diverses
Le sujet n’est donc pas celui qui anime les équipes RH. « Je n’ai pas de retours et de questions des DRH à ce sujet, je n’en ai pas entendu parler »résume Benoît Serre, vice-président de l’association nationale des DDH. « La question n’est vraiment pas prise en main par les entreprises »abonde le cadre dirigeant d’un grand groupe.
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