« La féminisation comme la prise en compte des diversités dans la « French Tech » est un enjeu systémique »

En politique, l’année 2022 a été marquée par l’arrivée des femmes aux postes les plus importants de notre République : nous avons désormais un Premier ministre et un Président de l’Assemblée nationale.

Pour 2023, il est à espérer que cet élan s’amplifiera et s’étendra à tous les secteurs de la société, et en particulier au numérique.

Pour 2023, chacun espère bien sûr que la « French Tech » continuera à grandir, à lever des fonds, à créer des emplois et à innover, malgré les vents contraires. Mais nous commettrions une erreur si nous nous concentrions uniquement sur les questions purement économiques en ignorant les questions structurelles. Oui, 2023 doit être une année pour enfin avancer sur les questions de féminisation et de diversité.

Innover mieux que tous les autres

Les rapports récents sont alarmants. Engagé pour la féminisation de l’économie numérique, le collectif Sista [de femmes entrepreneuses et investisseuses qui promeut plus de diversité] soulignait récemment que seules sept start-up sont dirigées par une femme dans le « French Tech 120 » et pire, aucune dans le « Next 40 », respectivement les classements des 120 et des 40 meilleures start-up françaises : c’est pire que le CAC 40 ! Les racines sont profondes : le numérique représente 800 000 emplois en France, mais seulement 22 % de femmes.

Diversidays, autre association dont il faut saluer l’action en faveur de la diversité, nous donne un autre chiffre : 39% des salariés de start-up déclarent avoir déjà été victimes de discrimination en tentant d’intégrer une jeune pousse. On pourrait aligner les statistiques les unes après les autres, elles pointent toutes dans le même sens : un constat inimaginable à notre époque et totalement inacceptable. Les moyens publics colossaux mis au service du développement de la French Tech ne peuvent profiter qu’à une minorité d’entre nous.

Il y a bien sûr un problème social. On ne peut pas construire tout un secteur de l’économie avec si peu de femmes et si peu de diversité. Il y a bien sûr un enjeu économique. S’il y avait autant de femmes que d’hommes qui lançaient une start-up et étaient correctement financées pour cela, c’est simple, nous aurions presque deux fois plus de start-up dans notre pays et donc deux fois plus d’emplois créés.

Mais il y a aussi un enjeu de vie ou de mort pour notre écosystème. Pour que nos start-up réussissent dans la compétition mondiale, nous ne devons pas simplement innover, nous devons innover mieux que tout le monde. Pourtant, innovation et diversité sont intimement liées. La diversité favorise l’échange et le partage, d’où émergent les meilleures idées. Dans un secteur où il faut sans cesse innover pour réussir, la différence est un atout inestimable.

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