« J’ai démissionné de mon cabinet de conseil après des mois à s’interroger sur le sens de mon travail »

"J'ai démissionné de mon cabinet de conseil après des mois à s'interroger sur le sens de mon travail" – Thebuzzly


Lorsque j’ai démissionné, en mars 2021, cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais arrivée au bout d’une réflexion et d’une colère sur l’essence et le sens de mon travail. J’ai travaillé à Genève comme consultant au BCG, l’un des cabinets de conseil en stratégie les plus prestigieux, qui est l’un des « Trois Grands » (les trois plus grands cabinets : McKinsey & Company, Boston Consulting Group et Bain & Company). Lors d’une réunion mensuelle, j’ai demandé à mon supérieur de parler cinq minutes : j’ai profité de cette tribune pour expliquer les raisons de ma démission.

D’une certaine manière, si les ONG n’existaient pas, les multinationales les auraient inventées

Je venais de terminer une année de travail en tant que consultant détaché pour le World Wildlife Fund (WWF). Je pensais, naïvement, pouvoir compenser certains défauts liés au fonctionnement des multinationales en travaillant pour une ONG. Pourtant, c’est l’inverse qui s’est produit : je venais de comprendre que rien de ce que nous faisions n’allait dans le bon sens et que si les ONG faisaient un travail considérable de médiatisation de sujets importants, comme la perte de biodiversité, elles faisaient aussi partie d’un système de pouvoir et relations interétatiques. D’une certaine manière, si les ONG n’existaient pas, les multinationales les auraient inventées. Leur rôle officieux contribue à l’immobilisme général et à l’impression que tout est sous contrôle, notamment dans le cadre de ces accords internationaux et de ces conférences diplomatiques peu contraignantes.

Nourrir l’espoir de changer le monde

Avant de postuler pour être détaché au WWF, j’ai été en mission sur le déploiement de la 5G, j’ai vécu en mission en Arabie Saoudite au Ritz Carlton juste après le meurtre du journaliste Jamal Kashogghi et j’ai contribué à un projet pour l’industrie alimentaire. Trois projets d’affilée qui m’ont tapé sur les nerfs. A cette époque, être consultant dans une ONG et préparer les différentes COP me paraissait être un travail moins nocif.

Depuis toute petite, je nourris l’espoir – qui peut paraître un peu bête – de changer le monde. J’ai grandi avec un sentiment de révolte et de revanche sociale lié à mon enfance. Je viens d’une famille d’immigrés du Portugal et d’Italie. Mes parents étaient employés du Lausanne Golf Club, fréquenté par la classe supérieure locale. Quand j’étais jeune, je jouais au golf avec leurs enfants, avec qui j’ai entretenu des amitiés. De cette enfance, j’ai gardé un dégoût pour les inégalités sociales et ce qui vous est imposé à la naissance. J’étais un enfant curieux et un très bon élève, surtout en maths, mais aussi, m’a-t-on dit, un peu difficile pour les adultes, posant tout le temps des questions et étant « allergique » à l’autorité.

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