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Maître de conférences à Montpellier Business School (MBS), Thomas Simon a soutenu en juin une thèse de management consacrée à la manière dont les jeunes diplômés réagissent à « l’absurdité » en entreprise. Outre des entretiens approfondis menés auprès de jeunes de 24 à 30 ans, diplômés de grandes écoles de commerce et ingénieurs en poste depuis cinq ans maximum, le chercheur s’est appuyé sur un récit de voyage en Afrique de l’écrivain Michel Leiris pour rendre compte des désillusions de ces jeunes, perdus au milieu du « désert » organisationnel et managérial.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur ce thème de l’absurde ?
D’abord pour des raisons autobiographiques ; J’ai 30 ans, je suis moi-même diplômé d’une école de commerce, où j’ai suivi des cursus totalement nébuleux. Dans mon environnement proche, beaucoup de jeunes professionnels ont été gagnés par un sentiment d’absurdité à leur arrivée dans une entreprise, que ce soit à cause de réunions inutiles, d’ordres contradictoires venant de la hiérarchie ou d’objectifs impossibles à atteindre. La recherche en management donne des clés pour aider les entreprises à mieux fonctionner, mais il existe aussi un courant plus critique, celui des Critical Management Studies. [CMS]qui permet de prendre du recul, dans le sillage des travaux de l’anthropologue David Graeber sur la emplois de merde.
Vous parlez d’une désillusion qui commence avant même l’entreprise, dès votre entrée dans les grandes écoles…
Surstimulés en classes préparatoires, les élèves que j’ai interrogés se heurtent alors à un double décalage, de la prépa à l’école, puis de l’école à l’entreprise. Ils sont déçus de leurs cours mais pensent que ce sera mieux une fois insérés dans le monde professionnel et immergés dans la « vraie vie » des adultes.
« Les jeunes imaginent qu’ils deviendront des aventuriers d’entreprise, chargés de missions exaltantes »
Les écoles nourrissent un discours grandiloquent sur les postes qu’ils occuperont après leur formation, et les jeunes imaginent qu’ils deviendront des aventuriers d’entreprise, chargés de missions passionnantes à dimension internationale. Pourtant, ils connaissent très souvent une nouvelle désillusion, car le décalage entre ce qui leur a été promis dans l’entretien et le travail concret une fois en poste est immense.
Votre constat va au-delà de l’ennui au travail : certains jeunes parlent de véritables injustices, voire de mensonges encouragés par leurs supérieurs…
Pour certains, un événement datable se produit, à partir duquel ils atteignent la limite du tolérable. Une jeune diplômée à qui on a interdit d’assister à la soutenance de thèse de sa sœur un après-midi, une autre qui, après un accident vasculaire cérébral, s’est retrouvée comme une inconnue parmi ses collègues à son retour… Certaines ont dû mentir sur leur profil LinkedIn et ajouter des expériences sur leur CV, pour justifier les prix des sociétés de conseil qui vendent à leurs clients les services de jeunes consultants en réalité inexpérimentés.
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