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En désignant la dalle de béton fraîchement coulée au centre du rond-point qui mène aux fonderies du Poitou, Xavier Verger n’a pas pu retenir une petite moue, plus ironique que désespérée. Il y a quelque chose de doux-amer dans les hommages post-mortem. Sur la dalle va donc bientôt se dresser la silhouette en tôle découpée d’une femme brandissant une culasse. Cette pièce automobile en aluminium que lui et ses collègues ont fabriquée jusqu’en juillet.
La sculpture devait célébrer la reprise des deux fonderies d’Ingrandes (Vienne) par le groupe anglo-indien Liberty House, en 2019. Au moment où le projet artistique se concrétise, les deux usines ferment et près de 600 employés sont licenciés, ceux de fonte à l’été 2021, ceux de l’aluminium à l’été 2022.
Ce matin de la mi-septembre, pourtant, il reste encore des voitures garées devant l’ancien bureau syndical couvert d’appels à l’action estompés par le temps. Stigmates des luttes passées. Les anciens employés ont entamé la phase suivante.
A l’intérieur, Géry Bégeault et Jean-Philippe Juin, anciens délégués CGT, s’affairent, le premier face à une liasse de feuilles A4, l’autre devant un ordinateur, connecté à son smartphone. « Partager la ligne ! On devait se retrouver avec internet et l’électricité. Mais on n’a plus internet ! »soupire Jean-Philippe Juin. « Avez-vous reçu vos identifiants Pôle emploi ? »dit-il au collègue qui vient de les rejoindre dans la salle. « J’ai essayé de créer mon compte, mais ça ne marche pas… » « Mais tu as ton mot de passe ? » » Un peu perdu, l’homme préfère rire : « On découvre les joies de l’administration française ! »
Entretenir le lien fraternel
Depuis la fermeture, les anciens fondateurs ont créé une association. Elle y est de service trois matins par semaine. Pour entretenir ce lien fraternel qu’ils ont construit à l’usine. Mais pas seulement.
Les salariés licenciés ont droit à l’assistance d’un conseiller en reclassement pendant un an dans le cadre d’un contrat professionnel de sécurisation (CSP). « Mais ils vous accompagnent du côté de la recherche d’emploi et de la reconversion. Il y avait un besoin d’aide très concrète dans les démarches administratives. Par exemple, tout le monde n’est pas calé en informatique, explique Jean-Philippe Juin. Désormais, si vous n’avez pas votre espace sur le site de Pôle emploi, vous n’obtenez pas vos droits ! »
Lui-même se rend compte de la complexité des choses. « J’ai été formé pour faire face à des recours juridiques ou pour négocier un plan de sauvegarde de l’emploi. Mais en gérant le reste de la liquidation, vous le découvrez par vous-même ! », dit-il en souriant.
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