C’est ce qu’on appelle, dans la « maison ronde », des « contrats de grille ». Celles des réalisateurs, assistants de production, techniciens ; ces emplois dans l’ombre des émissions de Radio France, occupés en grande partie par des professionnels aux contrats précaires. « Les émissions se sont gonflées de beaucoup de « collaborateurs spécialisés », un titre qui permet de faire entrer dans le statut d’intermittent tout un travail de programmationnote Renaud Dalmar, référent égalité de l’entreprise et délégué syndical CFDT. On a de grosses équipes, notamment à France Culture, principalement du CDDU [contrats à durée déterminée d’usage]. Une façon de pallier la restriction de l’emploi en CDI à Radio France, mais au prix de la précarité de ces collaborateurs. » Il estime que près de 50 % des contrats précaires dans les métiers « d’accompagnement » des émissions du groupe.
« Certains vivent comme ça pendant six ans d’intermittence dans la même station, sans que cela ait réellement à voir avec ce statut », remarque Paul (les prénoms ont été changés), un jeune « atta pro », en charge des fiches de préparation des programmes. Il raconte également le « grande valse » de l’été, lorsqu’il s’agit de se positionner sur la grille estivale puis sur la grille de la rentrée. « Nous sommes soumis à la saisonnalité des programmes : je travaille beaucoup pendant les vacances, mais les retours peuvent être très creux. En septembre 2021, je n’avais que deux jours de contrat »relate Pauline, la trentenaire qui a multiplié les contrats à durée déterminée d’administrateur pendant trois ans – un métier qui ne rentre pas dans les cases de l’intermittence et donc de la rémunération du statut. « Je suis passionné par mon métier, et Radio France est le seul endroit qui permet de faire autant de live que de podcasts ou de documentaires. Mais psychologiquement, c’est épuisant. »